La France compte 13,9 % de pauvres, si l’on utilise le seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian1, mais si notre système de protection sociale n’existait pas, il serait de 22,3 %, selon une étude du ministère des Affaires sociales2. Le taux de pauvreté à 40 % du niveau de vie médian (660 euros par mois) serait quant à lui divisé par trois sous l'effet des prestations, de 11,9 % à 3,7 %.

L’impact de notre système de redistribution varie selon le type de ménage. Pour les personnes seules, le taux se réduit de 24 à 16 %, au seuil de 60 %. L’effet de la protection sociale est le plus fort pour les familles, du fait des allocations familiales. Avant redistribution, le taux de pauvreté chez les couples avec trois enfants ou plus est de 41,5 %, après redistribution il passe à 22 %. Pour les familles monoparentales, le taux avant redistribution atteint 63 % et baisse à 42 % après.

L’étude du ministère des Affaires sociales permet de détailler l’impact des différentes mesures ou prestations. La première est liée aux impôts (qui font partie du système de redistribution) et demande des explications. Le seuil de pauvreté dépend du niveau de vie médian. Quand le niveau de vie médian diminue, le seuil baisse, et donc avec lui le nombre de pauvres. C’est ce qui se passe avec les impôts : ils réduisent le niveau de vie médian, et donc… le taux de pauvreté (de 1,5 points). C’est logique, mais même si la plupart des pauvres ne paient pas ou peu d’impôts3, cette baisse n’est liée à aucune amélioration du revenu des plus démunis. La prime pour l’emploi (qui va disparaître) et la partie activité du RSA ne jouent que très modestement : à elles deux, elles réduisent de 0,6 point de pourcentage le taux de pauvreté à 60 %. Le ministère note que l’effet du RSA-activité est visible pour les familles monoparentales (-1,6 point). Allocations logement, familiales et minima sociaux réduisent le taux de pauvreté d’environ deux points chacun. Les minima sociaux, tous très inférieurs au seuil de pauvreté, ont un impact plus grand pour les plus pauvres : ils réduisent le taux de pauvreté à 40 % de 2,8 points contre 1,8 point pour le seuil de 60 %.

Le système de protection sociale français n’évite pas la persistance d’une pauvreté de grande ampleur : 2,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté le plus strict de 40 % du niveau de vie médian. Son impact est pourtant loin d’être négligeable. Sans lui, du fait notamment des faibles salaires et du temps partiel, pas moins de 7,3 millions de personnes, notamment des familles, devraient se contenter de 660 euros par mois pour un adulte seul, 990 euros pour un couple ou 1 400 euros pour une famille avec deux enfants de moins de 14 ans. Toute une partie de cette population n’aurait pas les moyens d’accéder au logement.

Notes:

  1. Le niveau de vie médian, 1644 euros mensuels, sépare les ménages en deux moitiés, autant gagnent davantage, autant gagnent moins. Le seuil de pauvreté est donc de 987 euros.
  2. «  Minima sociaux et prestations sociales. Ed. 2015 », Min. des Affaires sociales, juillet 2015.
  3. On ne considère pas les impôts indirects, comme la TVA.