L’âge situe une personne à un moment donné de sa vie, par rapport au nombre d’années qu’elle a vécues. La génération (on emploie parfois le mot « cohorte ») situe la personne par rapport à une année de naissance. Dans le sens le plus courant, une génération regroupe plusieurs années, la  « génération 68 » (en fait celle qui avait environ 20 ans à cette époque), par exemple. On change d’âge, mais pas de génération : l’âge est une photographie à un moment donné, la génération raconte une histoire, c’est un film.

Distinguer âge et génération est important pour comprendre certains phénomènes sociaux. Prenons l’exemple des jeux vidéo. A leurs débuts, dans les années 1970 et surtout 1980, les plus jeunes s’y sont mis les premiers. On a alors un effet d’âge : les jeunes jouent, les vieux ne jouent pas. Au fil du temps, une partie de ces jeunes – la génération des années 1960 – a continué à jouer, même après la quarantaine. On assiste à une superposition : un effet d’âge – les jeunes jouent plus que les vieux – et de génération – les personnes nées après les années 1960 jouent davantage que celles nées avant.

Deux erreurs classiques sont souvent commises à propos de ces concepts. La première est de considérer que l’âge est une donnée naturelle, fixe dans le temps. Les sexagénaires des années 2020 ont des modes de vie et une place dans la société différents de ceux des années 1960. Le  « vieillissement » mis en avant en observant la part des plus de 60 ans sur plusieurs décennies doit être nuancé : les  « vieux » d’aujourd’hui le sont moins qu’hier au même âge. Il en est de même pour les jeunes, un âge dont on saisit mal d’ailleurs les frontières. Comme le niveau de vie, l’âge est une donnée relative à un contexte général. Entre la fin des années 1970 et la fin des années 2010, l’âge moyen de la population a augmenté de 5 ans, de 35 à 42 ans.

La seconde erreur est de considérer une génération comme un bloc, car, à l’intérieur d’une génération donnée, les moyennes masquent souvent d’énormes différences. Les générations nées après 1960 ont connu la montée du chômage mais avec des conséquences très inégales suivant les milieux sociaux. Il en est de même pour l’âge : à 25 ans aujourd’hui, les inégalités sont massives en fonction des parcours scolaires des jeunes.