Les locataires consacrent en moyenne 23,9 % de leur revenu au logement dans le parc social et 30 % dans le parc privé, selon les données de l'enquête logement 2013 de l'Insee, exploitées par la Fondation Abbé Pierre1. Mais les écarts sont considérables selon les niveaux de vie. Dans le parc privé, le taux d'effort du logement (voir notre définition) des 10 % les plus pauvres atteint plus de 50 % de leur revenu (données pour 2006 qui sont les dernières disponibles, voir notre tableau). Il est trois fois supérieur à celui des 10 % les plus aisés (16,7 %). Dans le parc social, le taux d'effort des 10 % les plus pauvres vaut encore plus de 30 %, soit le double des 10 % les plus riches (14 %).

Entre 2002 et 2006, les écarts se sont creusés selon les niveaux de vie. Parmi les locataires du privé, le taux d'effort des plus pauvres a augmenté de cinq points contre un point pour les plus riches. On ne dispose pas de données détaillées par niveau de vie récentes, mais tout laisse penser que la hausse s'est poursuivie même si la hausse des loyers s'est ralentie dans les années récentes. Selon l'Insee "Entre 2005 et 2010, les dépenses de logement par ménage, avant déduction des éventuelles aides au logement, ont augmenté de 17 % en moyenne, soit 4 points de plus que le niveau de vie moyen"  (Lire l'étude). Selon les calculs de la Fondation Abbé Pierre, le taux d'effort des 10 % les plus pauvres atteindrait 56 % en 2013. Pour l'ensemble des ménages, il aurait encore augmenté entre 2006 et 2013, de 16,8 % à 17,5 %, et de 22,5 % à 23,9 % dans le parc social.

Le taux d'effort des locataires augmente du fait d'une progression des loyers et des charges beaucoup plus rapide que les niveaux de vie. Parmi les bas revenus, les ménages les plus pénalisés sont ceux qui cherchent à se loger au coeur des grandes villes et les jeunes. Ces derniers, qui déménagent plus souvent, sont les premiers touchés par les hausses des loyers effectuées lors des relocations. Les bailleurs en sont les principaux bénéficiaires : les augmentations de loyers dépassent souvent les améliorations apportées aux logements (travaux de rénovation, d'isolation, etc.).

Notes:

  1. "21e rapport sur l'état du mal-logement en France 2016", Fondation Abbé Pierre, février 2016.