1,34 million d’adultes vivent en France dans une « communauté », selon les données 2016 du recensement de l’Insee. Ils représentent 2 % de la population totale. Près d’un million d’entre eux vivent dans un service de moyen ou long séjour ou une maison de retraite. L’Insee ne fait pas la distinction entre le type de service, mais le ministère des Affaires sociales estime que plus de 700 000 personnes vivent dans une maison de retraite. Les hôpitaux, et notamment dans les services de psychiatrie, représentent une grande partie des 300 000 restants.  211 000 sont des lycéens ou étudiants qui vivent principalement en résidence universitaire (les mineurs ne sont pas comptabilisés ici). Un peu moins de 50 000 militaires sont recensés dans leur caserne et on compte 27 000 religieux et 67 000 « divers » qui comprennent notamment les personnes emprisonnées. La population vivant en communauté évolue peu : elle était de 1,36 million en 2009.

Les données du recensement ne comptabilisent pas les mineurs qui vivent en internat, ce qui est regrettable : c’est entre 15 et 19 ans que la part de la population vivant en institution est la plus importante (9 %), selon une étude de l’Insee portant sur les données 2009 et qui inclue les mineurs1. A l’époque, on comptait 430 000 jeunes en internat, cités-universitaires non comprises. La part de la population vivant en communauté baisse ensuite fortement avec l’âge (2 % à l’âge adulte) et remonte pour atteindre 7 % à partir de 80 ans. L’étude de 2009 signalait que les filles étaient un peu moins nombreuses que les garçons à vivre en internat, mais les femmes beaucoup plus souvent présentes que les hommes en maison de retraite, du fait notamment de l’écart d’espérance de vie. En revanche, les hommes constituent plus de 80 % des personnes qui vivent dans des foyers de travailleurs, des casernes ou en prison.

Qu’est-ce qui rassemble un jeune interne dans un lycée, un détenu et un nonagénaire en maison de retraite ? Aussi hétéroclite que soit cet ensemble, ces personnes ont tout de même des points communs : le fait de devoir respecter des règles de vie définies par l’institution (parfois très contraignantes), d’occuper un espace individuel réduit, d’avoir une mobilité elle-même souvent réduite ou réglementée, de vivre entre personnes d’âges similaires et la présence limitée de la famille ou des amis hors de la communauté.

Du fait de leur mode de vie différent ces populations sont régulièrement oubliées du débat public. Ne constituant pas des « ménages » – un ménage est une unité de logement indépendante, c’est donc l’ensemble de la maison de retraite ou de la prison qui constitue le ménage – elles ne sont, par exemple, pas prises en compte dans l’évaluation annuelle des revenus par l’Insee, alors qu’il s’agit en moyenne de populations aux niveaux de vie moins élevés. Nombre de ces personnes n’ont pas des revenus très élevés : cela signifie aussi qu’un grand nombre de personnes pauvres ne sont pas comptabilisées comme telles parce qu’elles vivent dans une communauté.

 

 

Notes:

  1. Voir « La vie en communauté : 1,6 million de personnes en France », Insee première n°1434, Insee, février 2013