ouviennentimmigDepuis un siècle et demi, la France est une terre d’immigration. Au fil de notre Histoire, un très grand nombre de nationalités se sont établies sur notre sol, en provenance d’Europe, d’Afrique ou d’Asie notamment. Elles constituent une composante importante de la population française, dont une grande part des ascendants vient de l’étranger.

Parmi les six millions d’immigrés1  présents dans l’Hexagone, deux millions viennent d’Europe, soit 36 % (données 2014). Les Portugais sont les plus représentés (plus de 600 000 personnes), deux fois plus que les Italiens ou les Espagnols. Historiquement, la vague migratoire la plus importante en France est venue d’Italie. À leur niveau le plus élevé, dans les années 1930, les Italiens représentaient 20 habitants pour 1 000 (ou 2 %), ce qu’aucune autre nationalité n’a jamais atteint. L’immigration espagnole est plus tardive. Elle connaît un premier pic dans les années 1920, puis un second à la fin des années 1960. L’immigration portugaise s’est très nettement développée dans les années 1970.

2,3 millions d’immigrés sont originaires d’Afrique (43,8 % du total), le plus souvent du Maghreb, notamment du Maroc et d’Algérie. Une immigration déjà assez ancienne, au plus haut dans les années 1970 et 1980. L’immigration d’Afrique sub-saharienne reste modeste mais augmente à partir des années 1980. 860 000 immigrés viennent d’Asie (14,5 % du total), dont 250 000 de Turquie, migration qui s’est accrue à partir des années 1970.

L’immigration en provenance des pays « riches » n’est pas négligeable. Elle concerne 1,7 million de personnes parmi les six millions d’immigrés. Elle provient d’Europe, mais aussi des Etats-Unis, du Japon ou du Canada. « L’exil fiscal » des Français est très médiatisé, mais notre pays attire aussi un grand nombre d’actifs qui viennent travailler dans les entreprises françaises et de retraités aisés qui viennent s’y établir.

dixpremnatQuelles nationalités ont obtenu un visa de long séjour ?

Sur 215 000 titres de long séjour2 décernés en 2015, presque la moitié l'ont été à des ressortissants de dix nationalités. Tunisie, Maroc et Algérie représentent à eux seuls presque un tiers des pays d'origine des demandeurs : il s'agit pour l'essentiel de familles de personnes vivant déjà en France ou de jeunes étudiants. 15 000 visas ont été attribués à des ressortissants chinois, dont les deux tiers à des étudiants. On notera que les Etats-Unis figurent en cinquième position, avec 7 000 visas. Les titres de séjour de longue durée comprennent l'ensemble des visas d'au moins un an, ils ne signifient pas nécessairement que personnes vont s'installer durablement, notamment pour les étudiants.

L’évolution des migrations est liée pour une grande part aux besoins de l’activité économique. L’agriculture française, l’industrie, le bâtiment et les travaux publics ou les mines n’auraient jamais pu se développer sans immigrés. Manquant de bras, la France est allée chercher de la main d’œuvre dès les années 1920 avec la Société générale d’immigration (société privée) et à partir de 1945 via l’Office national de l’immigration (public). Au départ, il s’agissait surtout d’Italiens, de Polonais ou d’Espagnols. À partir des années 1950 et jusqu’aux années 1970, la France se tourne vers le Maghreb pour se reconstruire et faire tourner la machine économique en plein boom des Trente Glorieuses. En particulier, l’industrie automobile française s’est construite pour une grande part sur l’utilisation de la force de travail venue de l’étranger.

Depuis le milieu des années 1970, la part de l’immigration européenne a eu tendance à se réduire au fil du développement de l’Europe méditerranéenne. La proportion d’immigrés nés dans l’Union européenne est ainsi passée de 63 % à 34 % entre 1975 et 2008. Depuis la fin des années 2000, on assiste à un changement : l’immigration européenne progresse à nouveau, avec un retour de l’immigration portugaise, espagnole et italienne3 sous l’effet de la crise économique. En 2012, 46 % des immigrés entrés sur le sol français cette année là4 étaient originaires d’Europe. L’impact migratoire de la crise humanitaire que connaît une partie des pays du pourtour méditerranéen depuis quelques années n’est pas encore visible dans les données de l’Insee. Il devrait à nouveau modifier cette répartition de l’origine des immigrés, même si la France reste un pays peu accueillant par rapport à ses voisins européens.

Immigrés par lieu de naissance

histoire immigration

Notes:

  1. Les immigrés sont les personnes étrangères, nées à l’étranger et venues s’établir en France. Une grande partie deviennent ensuite Français (40 %).
  2. Les résidents de l'Union européenne n'ont plus besoin de ce type de visa, ils ne sont donc pas concernés.
  3. Voir  « Les immigrés récemment arrivés en France », Insee première n°1524, novembre 2014
  4. A ne pas confondre avec la part de l’ensemble des immigrés résidant en France.