320 000 titres de long séjour ont été accordés en 2023 (chiffre provisoire), selon le ministère de l’Intérieur. Ce chiffre global est stable par rapport à 2022, mais en nette progression depuis dix ans où il était de 200 000. Pour quelles raisons les immigrés s’établissent en France ? Les données sur les visas de long séjour donnent des informations sur le sujet.

Depuis l’arrêt de l’immigration de travail au milieu des années 1970, l’immigration pour des motifs économiques ne représente plus qu’une partie très faible de l’ensemble, 14 % en moyenne sur la période 2018-2023. Les deux motifs principaux sont d’abord le fait de rejoindre sa famille (32 %), qui concerne principalement des enfants, des parents et des conjoints de Français ou d’étrangers installés régulièrement en France et, dans une proportion identique, le fait de faire des études (32 %). Les raisons humanitaires (les réfugiés qui fuient les guerres comme les Ukrainiens) arrivent ensuite avec 15 %, ainsi qu’un ensemble « divers » (8 %) qui regroupe des personnes qui obtiennent un visa de visiteurs de plus de trois mois1 et des enfants devenus majeurs mais entrés mineurs en France.

L’immigration pour motif familial est stable en France et même plutôt en diminution au cours des dix dernières années. L’immigration étudiante est celle qui a connu la plus forte hausse. Les études s’internationalisent, l’année scolaire passée à l’étranger s’impose de plus en plus dans l’enseignement supérieur : nous accueillons davantage d’étudiants, et les étudiants Français partent plus souvent qu’auparavant. Le troisième motif est économique et son évolution repose sur le même principe : la mondialisation des échanges repose aussi sur des carrières internationales. La France « importe » également des actifs pour faire marcher son économie. On trouve dans cette rubrique les travailleurs saisonniers qui viennent pour travailler dans les champs comme des médecins ou des cadres supérieurs du privé dans des filiales étrangères établies en France. Les migrations pour raisons humanitaires ont progressé du fait des crises internationales comme la guerre en Ukraine ou la situation en Afghanistan et au Proche-Orient. Mais ce dernier facteur n’explique qu’une très faible proportion de la hausse globale de l’immigration.

Ces chiffres permettent de dépasser les polémiques autour de l’immigration. Le nombre d’entrées augmente car la France est un grand pays inséré dans l’économie mondiale : c’est même l’un des tout premiers pays exportateurs. Nous respectons le droit international à un enfant ou à un conjoint de vivre avec ses proches qui font partie de nos valeurs fondamentales. Et enfin, même si nous le faisons moins que la plupart des autres pays riches, nous accueillons une partie de réfugiés qui fuient les guerres ou le terrorisme.

Les données sur les visas n’expliquent qu’une partie de l’immigration sur le long terme. Parmi les personnes à qui un titre de long séjour est délivré, toutes ne restent pas. Or on ne dispose que de très peu de données sur les départs et leur motivation. Une partie des étudiants retournent travailler dans leurs pays d’origine, comme les cadres expatriés et certains des plus âgés rentrent dans leur pays au moment de leur retraite, etc. Les habitants de l’Union européenne ou de Suisse n’ont pas besoin de titre de séjour, ils ne sont donc pas comptabilisés. Au total, l’Insee estime qu’entre 300 000 et 350 000 personnes entrent durablement chaque année sur le sol français et qu’entre 250 000 et 300 000 le quittent (des étrangers qui étaient installés en France et des Français).

Photo : Josue Isai Ramos Figueroa/Unsplash.com

Notes:

  1. Des personnes qui doivent présenter une garantie de ressource et ne travaillent pas, conjoints d’actifs étrangers en France, retraités, etc.