L’écart d’espérance de vie à la naissance selon les sexes se réduit depuis le milieu des années 1990 : les gains d’espérance de vie à la naissance obtenus par les femmes sont moins grands que ceux des hommes. De huit ans et trois mois en 1994 en faveur des femmes, cet écart est tombé à six ans depuis 2014. En 2023, les femmes peuvent compter en moyenne sur 85 années de vie contre 79 pour les hommes 1.

Les modes de vie des femmes et des hommes se rapprochent, qu’il s’agisse des durées de travail ou des types d’activité professionnelle, de consommation de tabac ou d’alcool notamment. L’emploi peu qualifié féminin du secteur des services, dans des conditions de travail parfois très pénibles, se développe davantage que l’emploi peu qualifié de l’industrie, majoritairement masculin. L’égalisation des durées de vie selon le genre reflète l’indifférenciation des rôles dans la société.

Ce processus est-il destiné à nous conduire à l’égalité entre les femmes et les hommes dans ce domaine ? Les écarts demeurent considérables. Les femmes continuent à avoir des comportements moins dangereux, à supporter une moindre charge physique au travail et demeurent plus attentives à leur alimentation, leur corps et leur santé. N’oublions pas qu’en 2023, l’espérance de vie des hommes est équivalente à celle que les femmes avaient au milieu des années 1980.

Au rythme observé au début des années 2010, il faudrait environ 60 ans pour arriver à l’égalité. Et encore, si l’on observe bien la courbe, depuis 2016, l’écart ne se réduit plus. Il est difficile de dire s’il s’agit d’une simple pause ou si une nouvelle étape s’amorce avec un maintien de différences importantes de comportements qui se reflèteraient en matière d’espérance de vie. Dans le domaine professionnel par exemple, l’écart de taux d’activité entre femmes et hommes ne se réduit plus depuis quelques années (lire notre article). Un facteur important sera l’évolution de la pénibilité des métiers occupés par les femmes et les hommes.

Notes:

  1. Si l’on mesure l’espérance de vie dite « sans incapacité » sévère (lire notre article), qui est calculée en interrogeant les personnes sur leur autonomie, l’écart est un peu moins favorable aux femmes.