Si l’on ajoutait aux revenus des propriétaires les loyers qu’ils n’ont pas à verser, le niveau de vie moyen annuel global de la population (après impôts et prestations sociales, pour une personne) augmenterait de 8 %, soit 1 840 euros. Le niveau de vie des 10 % les plus pauvres s’accroîtrait de 6 % (soit 660 euros) et celui des 10 % les plus riches de 10 % (soit 3 450 euros). L’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne serait plus de 13 700 euros mais de 15 300 euros.

Dans son rapport sur les revenus et le patrimoine des ménages 2013, l’Insee publie une évaluation inédite de ce que les statisticiens appellent les « loyers imputés » : ces loyers que devraient verser les propriétaires s’ils avaient à se loger dans un logement comparable sur le marché locatif. 1. Les précédents travaux sur le sujet portaient sur l’année 2006. 2. Logiquement, l’impact de la prise en compte des loyers imputés dépend de la proportion de propriétaires dans chaque catégorie. Comme le note l’Insee, ce n’est pas tant la hiérarchie globale des revenus qui est bousculée (on compte aussi une part de propriétaires dans les faibles tranches de niveaux de vie) que celle des revenus selon l’âge, puisque la part de propriétaires s’accroît nettement avec celui-ci. En incluant les loyers imputés, les revenus des 25-29 ans augmenteraient de 4 %, contre 14 % pour les plus de 65 ans. Au passage, le taux de pauvreté au seuil de 60 % du niveau de vie médian passerait de 14,1 à 15, 1% du fait de l’élévation du niveau de vie médian, et la composition de la population pauvre serait modifiée, rajeunie et avec plus de familles monoparentales.

Les données publiées par l’Insee restent malheureusement très générales. On ne dispose pas d’éléments détaillés par tranche de revenu, par diplôme, milieu social ou territoire notamment. L'Insee ne publie que le gain moyen de l'ensemble de la population et non celui réalisé par les seuls propriétaires : on sait que la dépense de loyer atteint souvent un tiers du revenu des locataires. Il resterait enfin à mesurer l’impact du coût des loyers en fonction des territoires. L’opération pose une question très délicate : ces coûts sont choisis ou subis ? Un déplacement de quelques centaines de mètres peut faire baisser considérablement le prix à la location au m2…

 

Notes:

  1. Nous avons repris les données sur les loyers imputés nets : ceux dont on a déduit les intérêts des emprunts versés par les propriétaires
  2. Voir « Les nouvelles mesures des revenus dans les enquêtes Revenus fiscaux et sociaux », Revenus et patrimoine des ménages 2009, Insee.