Entre le sans-abri qui vit à la rue et une famille modeste qui dispose d’un logement social, la pauvreté regroupe des conditions de vie très différentes. Le seuil de pauvreté que nous utilisons se situe à la moitié du niveau de vie médian, soit 918 euros par mois en 2019 pour une personne seule, après prestations sociales. C’est un montant maximum en dessous duquel se situent des personnes qui ont bien moins que cela.

Pour mesurer les disparités à l’intérieur de la population pauvre, on mesure « l’intensité de la pauvreté ». Pour cela, on rapporte le niveau de vie médian de toutes les personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté au seuil de pauvreté lui-même. Si l’écart est important, cela veut dire que l’on compte des personnes avec de très faibles revenus, beaucoup plus que le seuil. Si l’écart est réduit, cela indique que les pauvres ont un niveau de vie proche du seuil. Dans le premier cas, l’intensité de la pauvreté est élevée, dans l’autre, elle est faible.

Essayons de comprendre comment on mesure concrètement cette intensité. En France, le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian est donc de 918 euros par mois pour une personne seule (donnée 2019). Le niveau de vie médian des personnes dont le revenu est inférieur à ce seuil se situe à 752 euros. Cela veut dire que la moitié des pauvres touche entre 0 et 752 euros (par mois et pour l’équivalent d’une personne seule), et l’autre moitié entre 752 et 918 euros. Si l’on calcule la différence (918 euros moins 752 euros), on obtient 166 euros : c’est l’écart entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Si l’on rapporte ces 166 euros à 918 euros, on obtient 18,1 %, c’est la mesure de l’intensité de la pauvreté.

Depuis 20 ans, la seule période vraiment marquante est celle des années 2000. À la fin des années 1990, la croissance a été très élevée, le chômage a fortement diminué, ce qui a réduit la grande pauvreté. Le niveau de vie médian des personnes pauvres s’est élevé et l’intensité de la pauvreté a baissé de 18 % à 14 %. Mais elle est remontée dès 2005 à 18 % et oscille à ce niveau. Quel effet aura la crise sanitaire ? L’ampleur des moyens déployés a évité le pire et la baisse du chômage va plutôt dans le bon sens. Pour l’heure, il reste très difficile de faire un pronostic. Face à la reprise de l’inflation, beaucoup dépendra de l’ampleur de la revalorisation des prestations sociales et des indemnités chômage.