A Marseille, le taux de pauvreté dépasse 40 % dans cinq arrondissements. A Paris et Lyon, plusieurs se situent au-dessus de 20 %. Quand on y regarde de plus près, ces deux villes restent fortement marquées par la pauvreté dans certains quartiers. Nous publions l’essentiel de la partie de la note publiée par le Compas consacrée à cette question :

Le tout premier enseignement est la situation spécifique de Marseille. La ville, qui comprend des arrondissements entiers très popu­laires au coeur même de la ville, est marquée par des taux de pauvreté supérieurs à 40 %1. Le prix des logements n’a pas autant explosé que dans les deux autres métropoles, il y persiste un parc privé à prix relativement modéré. Dans le 3e arrondissement, le taux de pauvreté atteint 55 % : plus que Roubaix, commune qui arrive en première position selon le taux de pauvreté parmi les 100 plus grandes villes. Dans les arrondissements voisins du 1er et du 2e, autour du vieux port, le taux de pauvreté s’élève à 43 % et 44 %. Viennent ensuite les quartiers Nord (14e et 15e arron­dissements), avec 42 et 43 %. L’étude réalisée pour la région Paca1.  montrait que dans certains quartiers, le taux de pauvreté pouvait dépasser 75 %. A l’ouest de la ville en revanche, les 8e et 12e arrondissements connaissent des taux de pauvreté (9 et 10 %) similaires à ceux des arrondissements les plus riches de Lyon ou Paris.

A Paris et à Lyon, le taux de pauvreté par arrondissement ne dépasse pas 25 % (19e arrondissement parisien). Ces com­munes ont connu un processus de gentrification massif, no­tamment dans l’Est parisien. Dans les arrondissements les plus aisés, le taux se situe entre 7 % (7e arrondissement parisien) et 9 % (4e arrondissement lyonnais). Des territoires où le prix des loyers atteint des niveaux démesurés : hors habitat social ou très petites surfaces (chambres de bonne notamment), les plus pauvres ne peuvent avoir les ressources pour se loger dans le parc locatif privé.

Quand on y regarde de plus près, Lyon et Paris sont loin d’être uniquement peuplées de catégories aisées. Dans cinq arrondissements, les 8e et 9e de Lyon, les 18e, 19e et 20e de Paris, le taux de pauvreté dépasse 20 %, largement plus que la moyenne nationale de 14,3 %. On y compte des personnes seules, mais aussi des familles démunies, parfois logées dans un parc privé très dégradé.

L’écart entre Marseille, Paris et Lyon est moins grand qu’il n’y paraît. Il est en partie lié à un phénomène d’échelle d’obser­vation. Les trois arrondissements parisiens les plus pauvres comptent chacun 200 000 habitants. Chacun de ces arrondis­sements représente plus d’habitants que les quatre arrondis­sements marseillais les plus pauvres regroupés. A l’intérieur des 18, 19 et 20e arrondissements de Paris en particulier (mais aussi le 13e par exemple), selon le taux de pauvreté dépasserait 40 % dans plus d’une dizaine de quartiers. En taille de population, ces quartiers rassemblent l’équivalent d’un arrondissement de Marseille. A Lyon, on re­trouve le même phénomène au sein des 8e et 9e arrondisse­ments, avec des taux qui dépassent 30 voire 40 %, comme c’est le cas par exemple au quartier Balmont (un taux de pauvreté de 46 %). La singularité de Marseille réside surtout dans le fait que les populations démunies continuent à vivre au coeur même de la ville (encore qu’à Lyon le 1er arrondissement reste relative­ment populaire).

Notes:

  1. Disparités socio-spatiales en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Mé­tropole Aix-Marseille, Atlas territorial », Compas, novembre 2013.