70 % des mères de famille monoparentale sans emploi et qui ne sont pas inscrites au chômage vivent sous le seuil de pauvreté au seuil de 60 % du niveau de vie médian, selon les données 2014 de l’Insee. La moitié est concernée au seuil de 50 %. Dans le premier cas, près de 800 000 personnes (parents et enfants compris) sont touchés, dans le second cas 560 000. Si l’on ne considère que les familles où il n’existe aucun apporteur de revenus, le taux de pauvreté atteint 93 % au seuil de 60 % et 78 % au seuil de 50 %, le nombre de personnes pauvres étant compris entre 430 000 et 500 000.

Le seuil de pauvreté pour un parent seul avec deux enfants en bas âge est de 1 600 euros au seuil de 60 % et 1 340 euros au seuil de 50 %. A ce niveau, il est impossible de se loger dans le parc privé de la plupart des villes. Et le seuil de pauvreté est un montant maximum que bon nombre des familles n’atteignent même pas. Ces mères de famille (dans l’immense majorité des cas) n’ont d’autres solutions que de se diriger vers le logement social, dont on mesure toute l’importance : s’il n’existait pas, des centaines de milliers de parents et d’enfants vivraient à la rue ou dans des conditions de mal-logement extrêmes.

Une partie de ces femmes sont découragées devant les difficultés à trouver du travail, les bas salaires ou les horaires incompatibles avec la charge d’enfants. Il s’agit pour partie de mères qui ont arrêté leur activité professionnelle pour garder leurs enfants et qui se retrouvent en grande difficulté suite à une séparation. Les statistiques de l’Insee ne permettent pas de distinguer les niveaux de vie à l’intérieur de l’ensemble des familles monoparentales pauvres. Souvent, celles-ci doivent se contenter du minimum : le revenu de solidarité active, soit 960 euros mensuels pour une personne ayant deux enfants à charge1, dont on déduit 150 euros pour les foyers de trois personnes qui reçoivent une aide au logement.  Il leur reste environ 10 euros par jour et par personne, à peine de quoi payer l’essentiel (logement, alimentation et vêtements). Pour ces femmes, l’insécurité sociale est maximale.

La question n’est pas seulement financière. Ces mères de familles sont le plus souvent dans une situation temporaire, mais plus elles restent éloignées de l’emploi, plus les difficultés pour en retrouver un sont grandes. A moins de former un nouveau couple avec un conjoint aux ressources plus élevées (ce qui est rare du fait de l’homogamie sociale2, c’est l’ensemble d’une vie faite de ressources minimales dans la plus grande précarité qui se profile pour elles et leurs enfants.

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Notes:

  1. 1 150 si un des enfants à moins de trois ans.
  2.  Homogamie : le fait de former des couples dans des milieux similaires.