Quel est le montant du salaire que touchent les femmes et les hommes ? Le plus souvent, quand on parle d’inégalités salariales, les montants portent sur des temps complets (lire notre article), voire « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire pour des postes similaires (lire notre article). C’est logique si l’on cherche à se rapprocher de la mesure des discriminations. Du coup, on ne prend pas en compte les emplois occupés une partie de l’année et les temps partiels. On ne mesure pas l’ensemble des fiches de paie, ce que l’Insee appelle le « revenu salarial ».

Dans ce domaine, les écarts entre les sexes sont immenses, révèle une étude de l’Insee pour l’année 2019 1. Si l’on prend le salaire médian (la moitié touche moins, l’autre davantage), les hommes reçoivent 20 % de plus. En bas de l’échelle (la limite des 10 % les moins rémunérés), c’est 34 %, et en haut (la limite des 10 % supérieurs), c’est 27 %.

Cette situation est liée à plusieurs phénomènes. Aux types de secteurs dans lesquels travaillent les femmes, aux niveaux hiérarchiques de leurs emplois (elles sont moins souvent cadres) et à des formes de discriminations qui persistent. Selon l’Insee, les trois quarts de l’inégalité de revenu salarial s’expliquent par ces trois facteurs. Un quart résulte du fait que les femmes travaillent beaucoup plus en temps partiel et une partie de l’année seulement.

Ces écarts entre les sexes se conjuguent avec des inégalités considérables entre le haut et le bas de la hiérarchie. Le seuil des 10 % les mieux payés est 14 fois supérieur au seuil des 10 % les moins bien rémunérés chez les femmes et 13,5 fois chez les hommes. Pour partie, il s’agit de la conséquence de choix de vie, d’emplois intermittents ou de temps partiel. Mais pour beaucoup, notamment pour les moins qualifiés et les moins bien payés, c’est aussi la répercussion de miettes d’emplois occupés faute de mieux, qui ne permettent pas vraiment d’être autonome pour se loger et qui doivent être complétés par des allocations ou le soutien mutuel dans un couple, de la famille ou d’amis. Il faut s’interroger sur les inégalités et les discriminations, mais aussi sur la capacité de chacun à accéder à un véritable emploi en termes de rémunération et de temps de travail.

Notes:

  1. Voir Femmes et hommes, l’égalité en question, Insee référence, Insee, 3 mars 2022.