Urbain, périurbain, rural… Ces concepts sont souvent utilisés, mais de façon assez confuse, sans trop bien mesurer ce qu'ils représentent concrètement. Pourtant, les données de l’Insee permettent, si on prend le temps de les décrypter, d’en savoir un peu plus. Pour analyser le mode de peuplement, l’institut utilise en fait trois dimensions : rural/urbain, centre/périphérie et taille de la ville.

La première division sépare le monde rural du monde urbain. Un clivage qui est resté très longtemps fondamental pour comprendre l'organisation de notre société. La révolution industrielle a entraîné un exode vers la ville moins important en France que chez nos voisins allemands ou anglais. Résultat, notre pays est demeuré rural plus longtemps que les autres : en 1946, près de la moitié de la population vivait encore à la campagne.

Les critères qui font la différence entre le monde rural et le monde urbain sont la densité des constructions et la taille de la population. Dès que plus de 2000 personnes sont rassemblées dans un espace continu, l’Insee considère qu’il s’agit d’une « unité urbaine », autrement dit une ville. Pour qu’il y continuité, il faut que les bâtiments ne soient pas éloignés de plus de 200 m. Avec cette définition, la France comptait, en 2008, 50 millions d’urbains (78 % de la population) et 14 millions de ruraux (22 %).

Le déclin agricole, l’envolée des prix des logements en centre-ville, l’amélioration des réseaux de transport et l’aspiration à l’habitat individuel ont entraîné le développement d’un habitat dit  « périurbain », plus diffus, peuplé d'habitants qui vivent dans une commune mais qui, pour partie, travaillent en dehors. Pour mesurer ce phénomène, l’Insee distingue les « pôles urbains » de leur « couronne périurbaine » : des communes où 40 % de la population travaille dans un pôle avoisinant. Pas moins de 15,5 millions de personnes, soit 24 % de la population totale, sont dans ce cas 1. Cette population est en croissance assez nette2 (lire notre article). Un peu moins de la moitié de cette population périurbaine vit dans ce que l’Insee considère comme une ville.

Enfin, l’Insee distingue les villes en fonction de leur taille, plus précisément de la taille des emplois qu’elles rassemblent, en trois grandes classes : de 1500 à 5000 emplois, de 5 à 10 000 emplois et plus de 10 000 emplois. 37,8 millions de personnes (59 % de la population française) vivent dans des grands pôles et 42,1 millions (66 % du total) vivent dans un pôle urbain.

 

Notes:

  1. Le périurbain est souvent assimilé au pavillonnaire alors que la définition de l’Insee ne porte pas sur le type de logement
  2. Jusqu'à récemment, la population périurbaine était estimée à 10 millions, mais sans tenir compte des communes périurbaines attachées à plusieurs pôles urbains.