Pour comprendre les territoires, on dispose de deux grands outils de classement des communes. Le plus connu, c’est la différence entre ville et campagne, commune urbaine et rurale. Pour cela, l’Insee utilise la définition des « unités urbaines » qui doivent regrouper au moins 2 000 habitants dans une continuité du bâti. Cette définition a le mérite d’être simple, mais elle ne permet pas de comprendre la relation entre les communes et de définir des entités économiques cohérentes. Pour y voir plus clair, l’Insee relie les territoires en fonction de leur capacité d’attraction dans le domaine de l’emploi. L’institut vient de refondre ce qu’il appelle « le zonage en aires d’attraction des villes » qui remplace le « zonage en aires urbaines » qui datait de 2010.

Essayons de comprendre comment fonctionne ce nouvel outil. D’abord, l’Insee détermine des « pôles » qui sont au cœur des « aires d’attraction ». Ces pôles sont déterminés en fonction de la densité de population, de leur population totale et du nombre d’emplois. Les plus grands pôles ont une densité minimale de 1 500 habitants au km2, comprennent au moins 50 000 habitants et 10 000 emplois. La commune la plus peuplée du pôle s’appelle « commune centre ». Les pôles sont ensuite divisés selon leur taille.

Les communes qui n’appartiennent pas à ces pôles sont divisées en deux. Il y a celles qui sont « attirées » : parce plus de 15 % des actifs qui y résident travaillent ailleurs, dans les pôles. Ces communes forment la « couronne » de l’aire d’attraction. Pour une grande part, il s’agit de l’habitat périurbain : moins dense, mais relié par l’emploi aux communes principales. Les autres communes sont appelées « hors attraction des villes », il s’agit de communes rurales isolées.

L’Insee n’a pas radicalement changé sa façon de faire, mais cette nouvelle méthode prend mieux en compte la densité urbaine. Attention : le mot « pôle » est trompeur, il existe environ 700 aires d’attraction. Une commune comme La Souterraine dans la Creuse, avec ses 5 000 habitants, est la commune centre d’un pôle, au même titre que Paris par exemple. Le concept d’aire d’attraction est très large : 93 % de la population vit dans une aire d’attraction des villes, soit encore plus que dans ce que l’Insee appelle une ville (80 %). Sur les 20 % de ruraux, plus de la moitié réside dans une aire d’attraction. Il faut donc bien distinguer les aires selon leur taille.

Si on utilise ce découpage, 40 % de la population vit dans une aire attirée par une métropole dont l’ensemble de l’aire regroupe plus de 700 000 habitants. Un quart habite une aire autour d’une grande ville (l’aire totale fait plus de 200 000 habitants), 18 % autour d’une ville moyenne (dont l’aire regroupe entre 50 000 et 200 000 habitants) et 12 % autour d’une petite ville (qui regroupe moins de 50 000 habitants au total). Enfin, 6,7 % de la population vit dans une commune hors de l’attraction d’une aire.