Souvent présentés comme un modèle d’ouverture et de démocratie, les organes de direction des associations – et en particulier leur présidence – demeurent en pratique socialement très élitistes, selon une enquête menée par le Laboratoire d’économie et de management de Nantes-Atlantique et le Centre de recherche sur les associations 1. Les cadres supérieurs sont deux fois plus représentés parmi les présidents d’associations (34 %) que leurs adhérents (17,5 %). Inversement, les ouvriers représentent 16 % des adhérents mais seulement 7,2 % des présidents (données 2017).

Accéder à la présidence d’une association n’est pas une chose facile. Il faut notamment pouvoir s’exprimer en réunion et être capable de représenter l’organisation, mais aussi détenir les clés pour comprendre son fonctionnement économique. Cela implique aussi de se sentir légitime à en prendre la direction, ce qui est beaucoup plus facile quand on a l’habitude de diriger dans son activité professionnelle.

Cet élitisme progresse : « En 2017, le monde des dirigeants bénévoles est socialement plus sélectif qu’il ne l’apparaissait en 2002 », écrit Lionel Prouteau, l’auteur de l’étude. Entre 2002 et 2017, la part d’adhérents cadres et ouvriers est restée quasiment stable, autour de 17 %. En revanche, parmi les présidents, la part de cadres supérieurs est passée de 26 % à 34 % quand celle des ouvriers a été quasiment divisée par deux, de 13 % à 7 %.

Il est difficile de démêler les facteurs qui conduisent à cette évolution. Comme le fait remarquer l’auteur de l’étude, les données reposent sur des enquêtes différentes2 ce qui peut fausser les comparaisons. Il faut donc les utiliser comme des ordres de grandeur. L’élitisme croissant peut être lié au fait que les associations en progression (l’action sociale et caritative) soient celles dans lesquelles les cadres participent plus, et pas forcément à des inégalités qui augmentent. La professionnalisation des associations pousse aussi à une sélection plus grande. Enfin, la dégradation des conditions d’emploi (précarité, flexibilité des horaires), portant d’abord sur les moins qualifiés, a pu rejaillir sur les disponibilités d’engagement : occuper la présidence d’une association demande du temps et de la régularité.

 

Notes:

  1. Voir Bénévolat et bénévoles en France en 2017, rapport de recherche, Lionel Prouteau, enquête CRA-CSA 2017, octobre 2018.
  2. L’enquête de 2002 est une enquête de l’Insee dont les méthodes ne sont pas en tous points similaires.