Fin 2022, le taux de chômage des femmes (6,7 %) était inférieur à celui des hommes (7,2 %). Depuis l’automne 2020, où les taux étaient équivalents, le taux féminin a davantage diminué que le taux masculin. Cette situation est historique sur le marché de l’emploi où les femmes ont toujours été plus souvent sans emploi que les hommes.

Du milieu des années 1970 jusqu’au milieu des années 2000, le taux de chômage des femmes a toujours été supérieur à celui des hommes de deux points, parfois beaucoup plus. À son niveau le plus élevé, au début des années 1980, l’écart approche les quatre points. La crise qui suit le premier choc pétrolier de 1974 frappe d’abord la main d’œuvre féminine : leur taux de chômage est déjà de 8 % en 1981, contre un peu plus de 4 % pour les hommes, presque le double !

Le processus d’égalisation des taux de chômage remonte à plus de trente ans. Dès la fin des années 1980, l’écart se réduit. Il est de deux points au détriment des femmes au début des années 2000 mais les courbes se rencontrent pour la première fois fin 2009. Ce rapprochement sur longue période reflète de manière structurelle l’élévation du niveau d’éducation des filles, un phénomène qui s’amorce en réalité dès les années 1950. À partir du début des années 2000, la part des titulaires d’un diplôme supérieur à bac +2 parmi les femmes en emploi devient supérieure à son niveau chez les hommes (lire notre article). Ce rapprochement est aussi le résultat du déclin de l’industrie, secteur très majoritairement masculin, et du développement des services, beaucoup plus féminisé.

Femmes et hommes sont-ils vraiment égaux devant le chômage ? Il faut nuancer cette évolution positive. Ce phénomène résulte pour partie du développement d’emplois peu qualifiés majoritairement féminins, qu’il s’agisse des services domestiques (femme de ménage), des métiers du secteur de la distribution (vendeuse et caissière), ou de la santé (aide-soignante). Des postes aux bas salaires et souvent très précaires. Les femmes sont par ailleurs beaucoup plus fréquemment employées en temps partiel contraint. Depuis la fin 2010 – et pour la première fois depuis les années 1970- le taux d’activité des femmes stagne, alors qu’il tendait historiquement à rattraper celui des hommes. L’écart des taux d’activité se stabilise autour de dix points. Une partie des femmes, découragées par les mauvaises conditions d’emploi, cessent de se porter sur le marché du travail : elles n’apparaissent plus dans les statistiques du chômage. En 2021, 1,1 million de femmes n’étaient pas considérées comme actives, mais indiquaient à l’Insee qu’elles souhaitaient travailler, contre 843 000 hommes.