confortlogementbaseOfficiellement, seuls 200 000 logements ne disposent pas du confort sanitaire de base en France, soit moins d’un logement sur 100 (données Insee 2013). Ces logements ont au moins l’un des défauts suivants : pas d’eau courante1, pas de WC intérieur, pas de douche ou de baignoire. En 1973, près de 40 % des résidences étaient dans cette situation. Notre pays s’est enrichi, ce qui a eu des conséquences positives sur le confort de l’habitat.

Cependant, ces chiffres sont insuffisants pour comprendre la mauvaise qualité des logements. Sur un sujet aussi important, on dispose de très peu d’éléments détaillés. Hormis le travail réalisé chaque année par la Fondation Abbé Pierre (voir notre article), personne ne semble vraiment s’y intéresser. Après tout, l’Insee écrit bien « le confort de base est quasi intégralement acquis en 2013 » 2. Est-ce un problème si important ?

La situation est moins favorable que ces chiffres semblent le signaler. 60 000 logements ne disposent que de l’eau à l’évier de la cuisine, 77 000 n’ont pas de chauffage, 120 000 pas de quoi se laver, 160 000 font l’objet d’un arrêté d’insalubrité… Au-delà du confort de base, 340 000 font moins de 9 m2 et 2,20 m sous plafond, 380 000 ont une installation électrique sommaire, un million ont une toiture non-isolée. Ces chiffres ne peuvent être additionnés car un même logement peut avoir plusieurs défauts, mais ils décrivent la réalité du très mal logement dans notre pays, loin d’être éradiqué.

logtdetailconfortCes données portent sur des logements et non sur un nombre d’habitants. La Fondation Abbé Pierre a calculé que les 200 000 logements qui n’ont pas le confort de base regroupent une population de 330 000 personnes, soit quasiment la taille de la ville de Nice. Pour la Fondation, deux millions de personnes sont privées de confort si on ajoute ceux qui n’ont pas de moyen de chauffage ou une façade très dégradée avec des fissures profondes. De son côté, l’Insee a calculé que 2,3 millions de personnes vivent dans des logements qui ont deux défauts graves de logement3. Dans ces logements, il manque au moins un élément de base (l’eau chaude, le chauffage…) ou il existe des fuites liées à une plomberie défectueuse ou une mauvaise étanchéité du logement. D’après l’institut, pas moins de 600 000 enfants vivraient dans ce type d’habitation.

Ces données ne disent pas tout. Le confort dépend du logement mais aussi des moyens financiers dont on dispose : ainsi, selon l’Insee, 600 000 ménages, soit environ deux millions de personnes, disent avoir souffert du froid au cours de l’année faute d’argent pour payer le chauffage. Elles n’intègrent pas non plus les habitations de fortune (85 000 personnes), les personnes privées de domicile (143 000), les gens du voyage vivant dans de mauvaises conditions (200 000). Et ne comprennent pas les logements surpeuplés.

On doit bien compter au minimum entre 2 et 2,4 millions de personnes dont le logement est très dégradé, l’équivalent de l’ensemble de la population de la ville de Paris. Il ne faut pas se méprendre sur l’interprétation de ces chiffres : ces personnes ne vivent dans l’insalubrité des bidonvilles. Mais la France n’est plus celle des années 1970 : comme pour la pauvreté, ce qui compte, c’est la distance qui sépare ces conditions de logement des normes de la société actuelle. On comprend alors l’urgence des politiques d’amélioration de l’habitat.

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Notes:

  1. En 1978, déjà seul 1,3 % des logements n’avaient pas l’eau courante.
  2. « Les conditions de logement en France, édition 2017 », Insee Références, Insee, février 2017.
  3. Mais l’institut intègre considère comme défaut « grave » un vis-à-vis de moins de 10 mètres, ce qui n’est pas rare dans les grandes villes