8 900 personnes ont mis fin à leurs jours en 2015, selon l’Inserm1, soit 3 000 de moins que trente ans plus tôt. Le taux de suicide (nombre de décès rapporté à la population) a très nettement diminué depuis le début des années 1980, passant de 32 à 22 pour 100 000 chez les hommes et de 12 à 6 pour 100 000 chez les femmes.

Contrairement à une idée répandue, la situation économique, sociale ou politique et la montée des inégalités n’ont guère d’influence sur le suicide. En particulier, il semble difficile de faire un lien avec le chômage ou la précarité de l’emploi. Le suicide résulte de la perte de repères, de règles structurant le comportement des individus, qui peut exister aussi en période de croissance et de remise en cause des normes sociales. En phase de crise, chacun cherche plutôt à se préserver… La baisse du taux de suicide tendrait plutôt à montrer que nos sociétés ne sont pas en phase de « désintégration » sociale ou de dépression collective. La baisse du taux de suicide peut aussi résulter d’une meilleure prise en charge de la fin de vie chez les personnes âgées : 20 % des suicides sont le fait de personnes de plus de 75 ans.

Cette analyse doit être nuancée car un taux moyen en baisse peut masquer des phénomènes de sens inverse. La crise touche beaucoup plus les catégories sociales populaires que les autres groupes sociaux. La montée et la persistance de la précarité et de la pression dans le monde du travail peuvent avoir un impact si les attentes d’une partie des salariés sont trop en décalage avec leur vie quotidienne. Cet effet n’est pas forcément visible si la situation s’améliore pour d’autres milieux. Les moyennes peuvent être trompeuses, malheureusement, on ne mesure pas l’évolution du taux de suicide selon les milieux sociaux.

En outre, la France reste – avec l’Autriche et la Belgique – l’un des pays riches où la mortalité par suicide est la plus élevée. Les suicides représentent 15 cas de décès pour 1 000, contre 11 en Allemagne, 8 au Royaume-Uni et 6 en Italie. Cela ne signifie pas qu’on moins bien, mais il cela montre que des progrès sont possible. On ne peut que constater que les politiques de prévention du suicide sont beaucoup moins développées en France que la prévention routière, alors que les décès sur les routes font deux fois moins de morts chaque année.

Suicide : surtout des hommes âgés

Le taux de suicide des femmes est 3,5 fois moins élevé que celui des hommes (6,3 contre 22 p 100 000). Les trois quarts des suicides sont le fait des hommes. Il est de 16 p 100 000 chez les 15-24 ans, il baisse ensuite entre 25 et 34 ans (11 pour 100 000) puis remonte progressivement pour atteindre 35 p 10 000 chez les 75 ans ou plus. 380 jeunes de 15 à 24 ans se sont suicidés en 2014, soit la seconde cause de mortalité chez les jeunes après les accidents de la route du fait du faible nombre de décès par maladie dans cette tranche d'âge.

 

 

Notes:

  1. Le ministère de la Santé estime que ces données sont sous-estimées d’au moins 10 %