50 millions de personnes – plus des trois quarts de la population – habitent en ville, selon les données 2016 de l’Insee. Le processus d’urbanisation s’est considérablement ralenti depuis la fin des années 1960 et il est à l’arrêt depuis dix ans1. La population continue à progresser mais se développe aussi bien en ville qu’à la campagne.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le processus d’urbanisation de la France s’accélère. La part de la population urbaine passe de 53 % en 1936 à 70 % en 1968 : l’emploi agricole s’écroule sous l’effet de la modernisation et les ruraux viennent grossir la population des villes portées par la progression de l’industrie et des services. A partir des années 1970, la population urbaine croit beaucoup moins vite. L’immigration (le plus souvent accueillie en ville) est ralentie, la croissance économique se réduit. La périurbanisation se poursuit. Pour partie, elle grignote les espaces ruraux en grande périphérie, fait passer des bourgs ruraux au statut de petite ville. Mais le périurbain se développe aussi en milieu rural. Depuis dix ans la part de la population urbaine stagne, comme si un plafond avait été atteint.

L’urbain est défini ici comme un territoire où le bâti est continu (il faut qu’il y ait moins de 200 m d’écart entre les constructions), rassemblant au moins 2 000 habitants, ce qui recoupe des réalités bien différentes, entre une petite ville isolée et le centre-ville des grandes métropoles. Le territoire périurbain se développe, mais autant par annexion de petites communes isolées que par construction de maisons individuelles en périphérie des villes (voir notre article). A l’avenir, c’est moins la part de la population rurale isolée qui va compter que les évolutions au sein des différents types d’espaces. Pour essayer de mieux comprendre le phénomène d’urbanisation et la place de la ville, l’Insee a construit un autre concept, les « aires urbaines ». Elles permettent de mesurer la dépendance à la ville, en considérant les personnes qui vivent à un endroit mais travaillent dans une zone urbaine. Avec cet outil, 95 % de la population vit dans un territoire sous influence des villes. Hormis quelques lieux reculés, le mode de vie « urbain  » (parfois très éloigné des centres-villes) est devenu quasi-hégémonique.

A avoir presque tout englobé, l’urbain perd de sa valeur explicative. Les villes ont des fonctions différentes suivant qu’elles sont banlieue d’une ville plus grande ou relativement isolées. L’Insee observe que l’influence des grandes villes continue de s’étendre2. Les villes moyennes et les régions rurales qui ne sont pas dynamisées par une métropole perdent du terrain et ces métropoles, elles, s’agrandissent3. L’une des questions majeures sera de savoir si l’habitat va se densifier ou continuer à s’étendre, ce qui consomme de l’espace et entraîne le développement de l’usage de l’automobile. Des travaux de l’Insee mesurent justement la répartition de la population en fonction de la densité de population, un élément clé pour comprendre le territoire4. Aujourd’hui, les 33 000 communes peu ou très peu denses rassembleraient un tiers des habitants du pays avec une densité moyenne inférieure à 64 habitants au km2. Les 609 communes les plus densément peuplées (plus de 2 969 hab./km2) regroupent, elles aussi, un gros tiers de la population. Un autre tiers vivrait dans 3 000 communes de densité intermédiaire (410 hab./km2 en moyenne).

Selon une étude de la direction régionale de l’environnement de la région Centre-Val de Loire publié en 20155, « l’habitat dense individuel » – logements individuels contigus sur des parcelles de surface totale réduite par rapport aux pavillons traditionnels – constitue une alternative (voir aussi notre article sur l’habitat pavillonnaire). Ce type d’habitat, cœur historique de l’urbanisation (le « bourg » devenu ville), pourrait répondre selon l’auteur à la fois à l’individualisation du logement et au défi du respect de l’environnement. Encore faut-il que les habitants de ces nouveaux bourgs disposent de services (commerces, loisirs, services publics) et ne soient pas trop éloignés de l’emploi.

Cet article est une version révisée de l’article paru le 8 février 2019.

 

Notes:

  1. Cet article remplace l’article paru le 8 février 2019 qui utilisait une définition différente de la population urbaine moins pertinente qui concluait à un plafonnement depuis 40 ans.
  2.   « Trente ans de démographie des territoires », Insee première n°1483, Insee, Janvier 2014.
  3. Voir aussi notre article « La France qui se peuple et qui se dépeuple ».
  4. Voir « Une nouvelle approche sur les espaces à faible et forte densité », Insee, La France et ses territoires. coll. Insee référence, éd. 2015.
  5. « Analyse du modèle « maison de ville/maison de bourg » », Eric Peigné, Dréal Centre-Val de Loire, février 2015.