Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la population française est passée de 40 à 66 millions de personnes. Depuis 2015, la progression se ralentit. Le signe annonciateur d’une stabilisation, même si on en est encore loin ?

Dans toute la première partie du XXe siècle, la population française a très peu évolué, et se situait autour de 40 millions d’habitants. La fécondité était un peu supérieure à deux enfants par femme et la Première Guerre mondiale a eu un double effet : elle a causé 1,5 million de morts et fait chuter la natalité.

Tout change dans la seconde partie du XXe siècle. D’abord avec le fameux baby-boom : les années 1950 à 1970 sont marquées par une poussée exceptionnelle de la natalité. La forte croissance pousse à aller chercher de très nombreux travailleurs à l’étranger, notamment dans les anciennes colonies françaises : l’immigration augmente. Par la suite, le dynamisme démographique de la France a été assuré par trois principaux moteurs. La fécondité y a moins baissé que chez nos voisins dans les années 1980. La fécondité conjoncturelle (nombre moyen d’enfants par femme, toutes générations confondues une année donnée) a fléchi à 1,8 enfant par femme à la fin des années 1970 puis est restée relativement stable entre 1,6 et 2 enfants. L’espérance de vie à la naissance a progressé au rythme d’environ un trimestre par an selon les années : la France est l’un des pays où l’on vit le plus longtemps au monde. Enfin, le solde migratoire s’est réduit à partir des années 1970, mais il est resté compris entre 50 000 et 100 000 personnes supplémentaires. Il a même augmenté dans les années récentes.


Depuis 2015, les choses semblent changer. La hausse globale de la population, qui se maintenait autour de 300 000 habitants supplémentaires par an, est passée à 200 000 par an. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. L’espérance de vie progresse moins vite. Ce phénomène peut s’expliquer par différents facteurs, allant de progrès médicaux moindres sur la période à l’arrêt de la baisse du temps de travail en passant par le fait que les femmes adoptent plus souvent des comportements à risque (tabac et alcool notamment). Ensuite, la fécondité, nettement supérieure en France à la moyenne européenne, a diminué dans les années récentes sans que l’on sache encore si cette baisse est liée à un effet de calendrier (on fait des enfants plus tard) ou si elle est plus durable. La reprise de l’immigration à la fin des années 2010 a en partie compensé les deux effets précédents.

Il est intéressant de noter que les équilibres démographiques actuels, s’ils se prolongent, tendent plutôt vers une population stable qui pourrait constituer une nouvelle phase de notre histoire démographique, revenant à la situation du début du XXe siècle. La fécondité actuelle assure le remplacement à l’identique de la population avec une dose d’immigration qui reste en réalité modeste, l’espérance de vie progresse mais à un rythme plus lent. Ce scénario n’a rien d’assuré : personne n’avait prévu le baby-boom… Ce serait en fait plutôt une bonne nouvelle en termes d’environnement : la pression sur les ressources naturelles est moindre qu’en phase de progression de la population, mais cela ne suffira pas : il faudra aussi des comportements de consommation plus vertueux.