
Depuis un siècle et demi, la France est une terre d’immigration. Au fil de notre histoire, un très grand nombre de nationalités se sont établies sur notre sol, en provenance d’Europe, d’Afrique ou d’Asie notamment. Elles constituent une composante importante de la population française, dont une grande part des ascendants vient d’un pays étranger (lire notre article).
Parmi les 7,2 millions d’immigrés1 présents dans l’Hexagone, 2,3 millions viennent d’Europe, soit 32 % (données Insee 2023). Les Portugais sont les plus représentés (580 000 personnes), deux fois plus que les Italiens ou les Espagnols. Historiquement, la vague migratoire la plus importante jamais connue en France est venue d’Italie à partir des années 1920. Au niveau le plus élevé, dans les années 1930, les Italiens représentaient 20 habitants pour 1 000 (ou 2 %), ce qu’aucune autre nationalité n’a jamais atteint. L’immigration espagnole est plus tardive. Elle connaît un premier pic dans les années 1920, puis un second à la fin des années 1960. L’immigration portugaise s’est très nettement développée dans les années 1970.

Au total, plus du tiers des immigrés sont originaires de pays riches si on ajoute des pays comme les Etats-Unis, le Canada ou le Japon. Notre pays attire aussi un grand nombre d’étudiants qui s’y installent durablement ensuite, d’actifs qui viennent travailler dans les entreprises françaises et de retraités aisés qui viennent s’y établir.
3,4 millions d’immigrés sont originaires d’Afrique (48 % du total), le plus souvent du Maghreb, notamment du Maroc et d’Algérie. Une immigration déjà assez ancienne, au plus haut dans les années 1970 et 1980. L’immigration d’Afrique subsaharienne reste modeste mais augmente à partir des années 1980. Un million d’immigrés viennent d’Asie (13,7 % du total), dont 238 000 de Turquie, migration qui s’est accrue à partir des années 1970.
L’évolution des migrations est liée pour une grande part aux besoins de l’activité économique. L’agriculture française, l’industrie, le bâtiment et les travaux publics ou les mines n’auraient jamais pu se développer sans main-d’œuvre immigrée. Manquant de bras, la France est allée chercher de la main-d’œuvre dès les années 1920 avec la Société générale d’immigration (société privée) et à partir de 1945 via l’Office national de l’immigration (public). Au départ, il s’agissait surtout d’Italiens, de Polonais ou d’Espagnols. À partir des années 1950 et jusqu’aux années 1970, la France se tourne vers le Maghreb pour se reconstruire et faire tourner la machine économique en plein boom des Trente Glorieuses. En particulier, l’industrie automobile française s’est construite pour une grande part grâce à l’utilisation de la force de travail venue de l’étranger. Aujourd’hui, les immigrés et leurs descendants représentent un cinquième des actifs (lire notre article).
Depuis la fin des années 2000, les parts des immigrés venant d’Asie, autour de 13-14 %, et d’Amérique-Océanie, 5-6 %, sont restées quasiment stables. En réalité, elles ont progressé, mais au même rythme que la population totale. La part des immigrés venant d’Europe a diminué de 39 % à 32 %. En contrepartie, celle des personnes nées dans un pays africain a augmenté de 42 % à 48 %. Aux flux établis de longue date, du Maroc ou d’Algérie par exemple, s’ajoutent des pays qui ont connu de graves crises comme la Syrie ou la Libye. Une immigration liée pour partie à la situation économique, à l’ampleur de la pauvreté, mais aussi aux guerres civiles, aux conflits entre pays, ou aux persécutions de populations spécifiques.

Notes:
- Les immigrés sont les personnes étrangères, nées à l’étranger et venues s’établir en France. Une grande partie devient ensuite Français. ↩