6,9 millions d’immigrés et 5,2 millions d’étrangers vivent en France, selon les données du recensement 2021 de l’Insee. Les premiers représentent 10,2 % de la population, les seconds 7,7 %. Immigrés et étrangers sont des termes souvent confondus, alors qu’ils constituent des notions bien distinctes (lire notre définition). Les immigrés sont des personnes nées étrangères à l’étranger, venues ensuite s’installer en France durablement. Une partie est devenue française par la suite : 36 % des immigrés sont Français. Ce qui les caractérise, c’est la migration, non la nationalité. Les étrangers sont les personnes qui vivent en France mais qui n’ont pas la nationalité française. Ce qui les caractérise, c’est la nationalité. Les jeunes nés en France de parents étrangers sont étrangers, même si la majorité deviendra presque en totalité française à l’âge de 16 ans. En 2021, 15 % des étrangers étaient nés dans l’Hexagone. Au total, 4,4 millions de personnes sont à la fois étrangères et nées à l’étranger (donc immigrées), soit 6,5 % de la population vivant en France.
Au-delà des étrangers et des immigrés eux-mêmes, une partie de la population a un lien avec l’immigration parce que l’un de ses parents au moins est venu de l’étranger. C’est le cas d’un très grand nombre de personnalités, de Nicolas Sarkozy à Dany Boon, en passant par Kylian Mbappé. Cette proportion serait considérable si l’on pouvait remonter le fil des générations : les Français d’aujourd’hui ont bien peu de sang « gaulois », population qui d’ailleurs était déjà soumise à diverses influences étrangères… En remontant seulement cinq générations, nous avons déjà 32 ancêtres différents, dont une partie non négligeable n’était pas née en France.
Sans remonter jusqu’à là, l’Insee estime que les descendants directs d’immigrés représentent environ 12 % de la population (donnée 2019-2020) : ils ont au moins un père ou une mère immigré. Au total, 21 % de la population française est, soit née à l’étranger, soit née d’au moins un parent immigré. Étudier les descendants d’immigrés permet de mieux comprendre les modes de vie d’une partie de la population et notamment les conditions de son intégration1. Ce concept peut être utilisé, par exemple, pour appréhender la part de la population susceptible – du fait de son patronyme ou de sa couleur de peau notamment – d’être discriminée et d’étudier les différences de parcours d’insertion dans l’emploi entre immigrés et leurs descendants.
Rassembler immigrés et descendants d’immigrés dans un même ensemble pose un problème. Il s’agit d’une population qui a des liens très différents avec la migration, parfois extrêmement réduits. On y trouve aussi bien des réfugiés ukrainiens fraîchement arrivés que des personnes âgées de plus de 80 ans dont les parents ont migré en France à la fin des années 1930 et qui ont tout oublié de leur pays « d’origine ». On ne sait pas bien dire au juste ce que signifie « avoir un parent immigré » et la notion même d’origine n’a pas toujours une grande signification.
On peut aussi s’intéresser au nombre de personnes qui vivent dans un ménage dans lequel au moins l’un des adultes est immigré. Selon l’Insee, 10,8 millions de personnes vivent dans un ménage2 où la personne de référence ou son conjoint sont immigrés, ce qui représente 17 % de la population des ménages (données 2018). On prend alors en compte en particulier les couples mixtes, composés d’un conjoint immigré. Ce concept est utilisé pour comparer les conditions et les modes de vie de différents types de ménages. Cet indicateur est lui aussi très critiquable. Le caractère migratoire ne se diffuse pas aux personnes qui vivent ensemble : on ne devient pas immigré en se mariant avec une personne née à l’étranger ou en naissant d’un couple mixte.
Chacun des indicateurs mesure une réalité différente et un intérêt qui n’est pas le même. L’important est de le comprendre et de ne pas assimiler « immigré », « descendant d’immigré » ou « personne vivant avec une personne immigrée ». Les personnes immigrées constituent déjà un ensemble de populations venues de zones géographiques très diverses et installées depuis des durées très variables. Ainsi, en 2011 (dernières données disponibles), la moitié des immigrés étaient installés depuis plus de 20 ans en France, 70 % depuis plus de dix ans, selon l’Insee. Quant à leurs descendants et ceux qui vivent avec eux, la relation établie avec l’immigration, si elle existe, est parfois extrêmement ténue.
Photo : Olivia Bauso / Unsplash
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