Comment évolue le niveau de vie en bas, en haut et au milieu de l’échelle des revenus ? Les vingt dernières années1 ont été très bénéfiques pour les plus riches, contrairement aux autres catégories. Mais la progression n’a pas été linéaire, loin de là.
Depuis la fin des années 1990, le niveau de vie des couches moyennes (apprécié ici par le niveau de vie médian2) a augmenté de 22 % une fois la hausse des prix déduite. Cela représente un gain de 4 000 euros sur l’année, soit 335 euros mensuels. Elles ne s’« appauvrissent » pas comme on le lit parfois. En revanche, le niveau de vie médian stagne depuis 2008, même si 2019 marque un regain assez net (+ 500 euros en montant annuel pour cette seule année).
Le niveau de vie moyen des plus pauvres a progressé lui aussi de 20 %, mais cela ne représente que de 1 450 euros, soit 120 euros mensuels après inflation. Sur 20 ans, c’est peu. L’ensemble de cette hausse a eu lieu uniquement entre 1996 et 2002. Depuis 20 ans, le niveau de vie des plus modestes stagne. On observe même des périodes de baisses, comme cela a été le cas entre 2008 et 2012.
Sur l’ensemble de la période, le niveau de vie des 10 % les plus riches s’est accru de 29 %, soit plus de 13 500 euros de gain annuel ou 1 100 euros mensuels. Neuf fois plus que les 10 % les plus pauvres. L’écart entre le haut et le bas de la distribution des revenus a progressé de 12 000 euros. L’amélioration du niveau de vie des plus aisés s’est produite entre 1996 et 2008. La suite a été bien moins favorable du fait de la crise financière de 2008 (de la baisse des dividendes et des taux d’intérêt notamment) et les hausses d’impôts de 2011 et 2012. Au cours des dix dernières années (2009-2019), le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches a stagné. Depuis 2013, les plus riches regagnent du terrain, surtout du fait de politiques fiscales avantageuses.
Les inégalités de revenus n’explosent pas, mais elles ont augmenté depuis le milieu des années 1990. Plus récemment, depuis le milieu des années 2010, le niveau de vie des plus aisés est reparti à la hausse alors qu’une grande partie de la population a vu ses revenus continuer à stagner ou baisser légèrement. Cette morosité est lourde de tensions sociales autour du « pouvoir d’achat ». Pour aller plus loin, il serait intéressant d’avoir des données fines sur l’évolution des extrémités de l’échelle des revenus, les 1 ou 2 % qu’ils soient les plus riches ou les plus pauvres. L’Insee refuse de les diffuser, les jugeant peu significatives d’un point de vue statistique.
Notes: