Quand on étudie l’évolution des inégalités de revenus, on observe le plus souvent la variation du niveau de vie de telle ou telle catégorie (les 10 % les plus riches, les ouvriers, etc.). On se penche rarement sur la manière dont la masse des revenus est distribuée entre ces catégories, comment le gâteau des revenus est partagé.

En 1997, les 10 % du haut de l’échelle recevaient 22,8 % de la masse des revenus, après impôts et prestations sociales, soit 2,3 fois plus que si la richesse avait été répartie également entre chaque tranche de revenus. Les 10 % du bas n’avaient droit qu’à 3,6 %, trois fois moins que ce qu’ils auraient dû récupérer. En 2019, les plus riches ont augmenté leur part du gâteau, obtenant 23,9 %, et celle des 10 % les plus pauvres a baissé à 3,5 %. Le rapport entre ce que perçoivent ces deux tranches est passé de 6,5 à 6,8 fois.

La part des revenus obtenue par les 10 % les plus pauvres a augmenté entre 1997 et 2001 du fait de la vive croissance de l’époque. Elle a ensuite nettement diminué jusqu’en 2012 et s’est légèrement accrue ensuite à la faveur de la baisse du chômage notamment. La part reçue par les 10 % les plus riches a augmenté jusqu’en 2011 et les mesures fiscales Sarkozy-Hollande l’ont ensuite réduite.

Pour comprendre l’ampleur des changements, il faut raisonner en euros. Entre 1996 et 2019, le montant global annuel des revenus distribués a augmenté de 327 milliards d’euros, en tenant compte de l’inflation. Sur cette masse supplémentaire, 11,5 milliards sont allés aux six millions des Français les moins favorisés (le dixième inférieur) et 87 milliards – soit 7,6 fois plus – sont allés aux six millions les plus favorisés (le dixième supérieur). Le revenu annuel des premiers a progressé d’un peu moins de 200 euros, quand les seconds ont récupéré 1 500 euros de plus.

Il faudrait pouvoir affiner ces observations qui ne disent rien, par exemple, de l’évolution du 1 % le plus riche ou le plus pauvre, ainsi que de l’impact de la crise liée à la Covid-19. La répartition des revenus est encore plus inégale, notamment du fait du maintien du chômage à un niveau élevé au cours de cette période qui s’arrête à 2019. Depuis, l’effet de la crise sanitaire n’a probablement pas amélioré les choses, mais le nombre de demandeurs d’emploi a repris sa baisse, ce qui est positif.