57 % des personnes pauvres vivent dans des agglomérations de plus de 50 000 habitants, mais le taux de pauvreté est le plus élevé (18 %) dans celles de 100 à 200 000 habitants, selon les données 2010 de l’Insee1. On débat beaucoup de la pauvreté en France, souvent sans données très précises : en voici l’essentiel.

La plus grande partie des personnes pauvres vivent dans de très grandes villes : 16 % de l'ensemble habitent dans l’agglomération parisienne et 26 % pour les autres agglomérations de plus de 200 000 habitants, soit 42 % du total. Mais l’Ile-de-France (et Paris en particulier) s’est en partie vidée de sa population pauvre2 du fait de l’explosion des prix des loyers à partir des années 1980. Au total, 1,3 million de personnes démunies vivent dans l’agglomération parisienne, soit un taux de 13,3 % 3, inférieur à la moyenne du pays. Ce chiffre masque des contrastes importants entre les territoires de cette gigantesque agglomération qui concentre l’extrême richesse et la plus grande pauvreté, des Hauts-de-Seine à la Seine-Saint-Denis.

A elles seules, les agglomérations de 200 000 habitants ou plus concentrent un quart des personnes pauvres, soit 2,2 millions de personnes. Là aussi, l’effet prix joue et empêche une partie des populations les plus démunies de s’y loger, notamment au cœur des villes, et les contrastes sont marqués entre les différentes parties de ces territoires. Les unités urbaines de 50 000 à 199 000 habitants rassemblent 15 % des personnes pauvres (1,3 million). C’est là que les taux de pauvreté sont les plus élevés, plus précisément dans les agglomérations de 100 000 à 199 000 habitants (18 %). Ensuite, plus on se dirige vers des petites unités urbaines, plus le taux de pauvreté diminue. Au total, 1,8 million de personnes pauvres vivent dans des communes rurales, mais le taux de pauvreté n’y est que de 12,5 %.

Contrairement à une thèse répandue selon laquelle la France paupérisée se situerait dans le périurbain lointain ou dans les campagnes, elle est surtout présente en ville. Mais il est vrai que l’unité urbaine comprend des communes et des quartiers très différents, que ne peuvent faire apparaître ces chiffres. L’Insee ne diffuse malheureusement pas de données sur la pauvreté à un niveau détaillé. Il faut se contenter de données sur les revenus avant prestations, sur les minimas sociaux (mais il s'agit de très bas niveaux de vie) ou d'estimations. Une étude du Compas avait ainsi montré que dans les grandes communes les plus pauvres, les taux de pauvreté dépassaient les 30 %, notamment en Ile-de-France qui apparaît en moyenne moins défavorisée.

L'approche territoriale de la pauvreté demeure très générale, ce qui alimente un débat parfois assez vague. Pour aller plus loin, il faudrait distinguer plus finement les territoires selon la fonction des communes au sein des unités urbaines (centre-ville, banlieue proche ou plus lointaine, etc.) et observer la pauvreté des quartiers. Souvent, les pauvres n'ont plus les moyens de se loger au cœur embourgeoisé de la plupart des villes de France4. On trouve les quartiers les plus précaires d'habitat social en banlieue, plus ou moins proches du centre en fonction de la taille de la ville, puis des banlieues très inégales, plus ou moins favorisées et enfin une baisse du revenu dans les campagnes éloignées. Il faudrait aussi croiser ces territoires avec des critères sociaux-démographiques selon les territoires. Là aussi en schématisant à l’extrême, on trouve plus de célibataires au cœur des villes, des familles (notamment monoparentales) dans l’habitat social, des personnes plus âgées en milieu rural.

 

 

 

Notes:

  1. Le seuil utilisé correspond à 60 % du niveau de vie médian, soit 964 euros mensuels
  2. Du moins celle qui est dénombrée, car on y trouve une population non comptabilisée du fait de domiciles précaires plus importante. Il faut noter que les données de l'Insee ne prennent pas en compte les ménages qui vivent en collectivité (maison de retraite, prisons, centre d'hébergement, etc.)
  3. Soit : 13,3 % des franciliens sont pauvres (taux de pauvreté), à ne pas confondre avec 16 % des pauvres vivent à Paris (la répartition de la population pauvre).
  4. Ce n’est pas toujours le cas, comme le montre l’exemple marseillais.