La précarité énergétique touche un ménage sur dix en France, soit plus de six millions de personnes, selon les données 2021 de l’Observatoire de la précarité énergétique (ONPE). L’organisme considère comme précaires ceux qui figurent parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie (chauffage et éclairage notamment). Le taux de précarité énergétique a diminué en dix ans, de à 13,7 % en 2010 à 11,9 % en 2021. Si l’on corrige ces données des conditions météorologiques, la baisse est moindre : le taux est passé de 12,5 % à 11,7 %. Pour l’ONPE, cette évolution est liée principalement au renouvellement du parc de logement et à l’effet des rénovations : les logements sont de mieux en mieux isolés, les équipements de chauffage plus efficaces. Jusqu’en 2021, les hausses de prix de l’énergie étaient donc compensées par d’autres facteurs.

L’ONPE interroge les ménages sur les enjeux liés à l’énergie. Pas moins de 22 % disent avoir souffert du froid durant l’hiver 2021-2022, contre 14 % en 2020. Ces difficultés résultent surtout d’une mauvaise isolation (35 %), d’une installation de chauffage insuffisante (23 %) ou d’une panne de chauffage (17 %). 37 % indiquent des raisons financières (données 2022, voir tableau ci-dessous).  27 % de la population dit avoir rencontré des difficultés dans l’année pour payer certaines factures d’énergie contre 10 % en 2013. Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus touchés : la moitié indique être concernée. 69 % des ménages disent avoir restreint leur chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées à payer, contre un tiers l’année précédente.

En moyenne, les dépenses des ménages liées à l’énergie (chauffage et carburants) s’élèvent à 3 140 euros par an (donnée 2021). Cette dépense fluctue avec le temps : elle s’est située à son niveau le plus bas en 2020, notamment en raison des périodes de confinements qui ont réduit les déplacements. Chaque année, environ 600 000 ménages font l’objet d’une coupure ou d’une limitation de puissance suite à un impayé de facture de gaz (100 000) et surtout d’électricité (500 000). En 2021, ce chiffre a nettement augmenté pour atteindre 785 000, soit + 17 % par rapport à 2019 note l’ONPE.

L’avenir s’annonce difficile. La hausse des prix du gaz et de l’électricité a été en partie reportée dans le temps avec le bouclier tarifaire et amortie grâce à l’octroi de chèques énergie à 5,8 millions de ménages modestes en 2022. La fin du bouclier va rendre la situation très délicate pour les ménages vivant dans des logements mal isolés et pour les personnes qui ont besoin de se chauffer tout au long de la journée, notamment les personnes âgées.

Photo : Giulia Bertelli / Unsplash