La mobilité résidentielle1 a tendance à s’accroître légèrement en France. Au début des années 1970, la part de ceux qui avaient déménagé en changeant de commune dans l'année était de 6,7 %, contre 7,5 % en 2011, selon une étude récente 2.
Cette hausse est essentiellement due à une progression de la mobilité résidentielle proche, à l'intérieur d'un même département. On ne déménage pas davantage qu'auparavant pour aller s'établir dans un autre département ou une autre région. D'ailleurs, la croissance de la mobilité résidentielle de proximité a eu lieu entre le début des années 1980 et le début des années 2000. Depuis, on assiste plutôt à une stagnation.
Les facteurs explicatifs de la mobilité résidentielle sont multiples et jouent parfois dans des sens opposés. Les évolutions évolutions de l’emploi ont des effets complexes. Dans les années 1950 et 1960, l’exode rural a accru la mobilité : une partie de la population est "montée à la ville". A partir des années 1970, la montée du chômage a limité les mobilités volontaires. Comme le montre le sociologue Thomas Sigaud (voir "pour en savoir plus"), la mobilité suit assez bien le cycle économique : plus de croissance engendre à la fois des revenus supplémentaires et des opportunités d'emploi.
La mobilité ne dépend pas que de facteurs économiques. L'attrait de l'habitat pavillonnaire périrubain (logement individuel, espaces verts, prix attractifs, etc.) pousse à la mobilité proche à partir des années 1970 et 1980. L'impact des recompositions familiales est plus difficile à mesurer, mais elles contraignent une partie des ménages à changer de logement et parfois de commune.
Restent que ceux qui déménagent sont en priorité ceux qui ont les moyens de choisir leur lieu de vie. Comme le montrent les travaux de Thomas Sigaud, la mobilité suit l'échelle des professions classées par catégories sociales, sauf pour quelques exceptions. Ce raisonnement est particulièrement valable pour les mobilités les plus coûteuses, de longue distance, au-delà du département.
Pour en savoir plus :
– « L’évolution de la mobilité résidentielle en France entre 1973 et 2006 : nouvelles estimations », Nathalie Donzeau et Jean-Louis Pan Ké Shon, Population n°4 (64), 2009.
– «Les flux migratoires en France depuis cinquante ans », Brigitte Baccaïni, Population n°1 (62), Ined, 2007.
– « Mobilités résidentielles et professionnelles des salariés en France : entreprises, marchés et territoires, une articulation en tension», Thomas Sigaud, Thèse soutenue le 3 avril 2014 à l'Université Paris-Dauphine.
Notes:
- Le fait de changer de commune de résidence ↩
- "Mobilités résidentielles et professionnelles des salariés en France: entreprises, marchés et territoires, une articulation en tension", Thomas Sigaud, thèse de doctorat en sociologie, sous la direction de François Cusin et de Thierry Kirat, Université Paris-Dauphine, avril 2014 ↩