Près d’un jeune actif1 sur cinq de 15-24 ans est au chômage. Ce phénomène n’est pas récent : en 1985, le taux de chômage des jeunes atteignait déjà ce niveau. Depuis trente ans, le taux joue au yoyo, entre 15 % et 25 %. Pour les plus âgés, la montée est plus constante entre le milieu des années 1970 et des années 1990. Au cours de la même période, chez les 25-49 ans, le taux passe de 2,5 à 9,5 % à son maximum en 1997. Depuis il a oscillé entre 7 et 10 % (2015). Chez les plus de 50 ans, le taux a atteint son maximum en 1998 à 7 %.

Cela fait trente ans que le taux de chômage des jeunes se situe à un niveau très élevé. Les jeunes de 20 ans de 1985 ont aujourd’hui 55 ans. Des générations dont toute la carrière s’est déroulée sur fond de chômage approchent aujourd’hui de l’âge de la retraite. Avec des  conséquences plus graves pour les moins qualifiés dont l’insertion dans l’emploi durable est plus longue et dont les carrières sont souvent entrecoupées de périodes de chômage ou de contrats à durée déterminée.

En proportion de la population active, l’écart est énorme entre les jeunes et les plus âgés : le taux de chômage des moins de 25 ans est 2,5 fois supérieur à celui des adultes, trois fois supérieur à celui des plus de 50 ans. Et encore, ces moyennes ne tiennent pas compte du niveau de diplôme ou de la nationalité. Une grande partie de l’ajustement sur le marché du travail, de la « flexibilité », est assurée par les jeunes qui constituent aussi les gros bataillons de l’emploi précaire. Chômage et insécurité du statut de l’emploi limitent les horizons de vie d’une grande partie de la jeunesse de milieux populaires. En particulier, l’accès au logement autonome est rendu encore plus difficile.

Davantage de chômeurs de plus de 50 ans que de jeunes

On aurait tort de minimiser le chômage des plus âgés. En proportion, les jeunes sont beaucoup plus souvent au chômage. Mais ils représentent une petite part des actifs. Le nombre de chômeurs de 25-49 ans (1,4 million en 2019) est 2,5 fois plus élevé que celui des moins de 25 ans (555 000). Et pour la première fois en 2019 on a enregistré davantage de chômeurs parmi les plus de 50 ans (563 000) que de jeunes.

L’impact du chômage sur les revenus des plus âgés est plus lent, du fait d’une meilleure indemnisation, mais aussi plus durable : il est moins facile de se serrer la ceinture quand il faut faire vivre une famille que quand on est seul. Surtout, il est plus difficile de reprendre pied : l’ancienneté moyenne du chômage2 est de 23 mois pour les plus de 50 ans (données 2019), 2,6 fois plus que pour les 15-29 ans (9,1 mois) et l’écart s’est creusé ces dernières années. On sait par ailleurs que la France est un pays où les actifs sont moins formés au cours de leur vie professionnelle que dans les autres pays riches, ce qui rend plus difficile les reconversions.

La part de jeunes actifs au chômage est grande, mais leur situation reste le plus souvent transitoire. Chez les plus âgés, cette proportion est plus faible, mais ceux qui sont dans ce cas se retrouvent piégés. L’impact du manque d’emplois sur des catégories d’âges qui en étaient jusqu’à présent relativement épargnées est, sans nul doute, le signe d’un dérèglement en profondeur du marché du travail. Les différentes formes du chômage appellent à la fois une réponse globale – davantage de créations d’emplois – mais aussi des politiques d’insertion et de formation adaptées à chaque âge.

Notes:

  1. A ne pas confondre avec un jeune sur cinq car les jeunes scolarisés notamment ne sont pas actifs.
  2. Nombre de mois passés au chômage au moment de l’enquête emploi de l’Insee.