Pas moins de 11 % des Français, soit 7,5 millions, de personnes trouvent1 que leur logement est humide, selon les données 2019 de l’Insee. 18 %, soit 12 millions, estiment qu’il est trop bruyant. Enfin, 23 % déclarent qu’il est difficile à chauffer, soit plus de 15 millions de personnes.

Certes, le confort des logements tend à s’améliorer en France sur longue période. Trop de ménages vivent encore dans l’insalubrité, mais moins de 1 % n’a pas de salle de bain ou de toilettes (lire notre article sur l’ensemble des éléments de confort) contre 39 % en 1973 (lire notre article sur l’évolution de longue période). Entre 2004 et 2019, la part de logements jugés bruyants a diminué de 24 à 18 %. Même si les évolutions sont lentes, il a du mieux : on rénove et on construit des logements de meilleure qualité.

Et pourtant, la mauvaise qualité de l’habitat persiste, avec des logements situés aux abords de sources de bruits importants (routes, voies de chemin de fer, aéroports, etc.), mal insonorisés, mal ventilés et dotés de système de chauffage anciens, parfois très coûteux. Avoir un toit, une salle de bain et des WC, hier un luxe pour beaucoup, n’est plus suffisant au XXIe siècle.

Ces améliorations masquent aussi des écarts énormes selon le niveau de vie. Les 20 % les plus aisés sont trois fois moins nombreux que les plus modestes (6 % contre 19 %) à vivre dans un logement qu’ils jugent humide. Et encore, les données de l’Insee – publiées par tranches de revenus trop grossières, de 20 % – ne permettent pas de juger de la qualité des logements des personnes les plus pauvres ou les plus aisés. Elles minimisent ainsi les écarts. Chez les 20 % du haut de l’échelle, la part de logements bruyants a été divisée par deux entre 2004 et 2019, passant de 22 à 12 %. Chez les 20 % aux revenus les plus faibles, la baisse n’a été que de trois points, de 27 % à 24 %. Les inégalités se sont donc creusées. C’est encore pire pour le chauffage. Chez les plus modestes, la part de ceux qui estiment que leur logement est difficile à chauffer a augmenté de 33 % à 36 % entre 2004 et 2019, alors qu’elle se réduisait pour toutes les autres catégories.

Ces chiffres permettent d’en savoir plus sur une partie des inégalités environnementales dont on parle beaucoup aujourd’hui, ici dans le domaine de l’environnement immédiat, celui du logement. Elles donnent la mesure de l’ampleur des investissements nécessaires pour assurer à tous de bonnes conditions de vie. Les ménages aux plus faibles revenus n’ont pas les moyens financiers de les prendre en charge en totalité. La collectivité a d’autant plus intérêt à les soutenir qu’en le faisant elle fait d’une pierre deux coups : elle améliore la qualité de vie des personnes concernées et réduit les consommations d’énergie.

Notes:

  1. Ces données sont déclaratives. Elles traduisent le jugement des personnes interrogées sur leur logement.