Le taux de départ en vacances a peu évolué au cours des trente dernières années. Il était de 61 % en 1989 selon l’Insee et de 60 % selon le Crédoc en 2023. En 2020, la crise sanitaire a logiquement fait chuter le taux en 2020, mais il est vite revenu à son niveau antérieur.

Le boom des vacances s’est produit entre les années 1970 et 1980. Le taux de départ a alors grimpé de 42 % à 58 % entre 1964 et 1985 1. Le taux de départ a tout de même connu un creux dans les années 2000, autour de 55 %.

Hors périodes de crise, chaque année, environ 40 à 45 % % de la population ne part pas en congés. Et encore, la définition des vacances de l’Insee est très large : il suffit de passer quatre jours hors du domicile personnel. Les vacances elles-mêmes peuvent être de nature très différente. Il peut s’agir de partir à quelques kilomètres pour visiter de la famille ou des amis le temps d’un week-end prolongé, comme de s’évader plusieurs semaines à l’étranger.

Le plafonnement du taux de départ peut s’expliquer de plusieurs façons. Depuis près d’une vingtaine d’années, les niveaux de vie stagnent pour les catégories les moins favorisées, ce qui n’aide pas à partir. La précarité de l’emploi rend aussi les départs difficiles. Une précédente étude du Crédoc avait montré que la hausse du taux de départ à la fin des années 2000 et au début des années 2010 résultait pour l’essentiel d’une progression chez les seniors : le taux de départ des plus de 70 ans est alors passé de 32 à 47 % entre 2008 et 2014. Les revenus de ces générations progressent, car elles ont moins été marquées par le chômage et du fait de l’augmentation de l’activité féminine. En meilleure santé physique, leurs modes de vie – et leur rapport aux loisirs – changent.

En matière de congés, le revenu joue bien entendu. Selon l’Insee, la part de ceux qui figurent parmi les plus modestes et qui disent « ne pas avoir les moyens de se payer une semaine de congés hors de leur domicile » (voir graphique) stagne à 54 % depuis près de 10 ans. La moitié des 20 % les plus pauvres sont dans ce cas, ce qui représente environ six millions de personnes (enfants compris). Le contraste est grand entre le modèle véhiculé sur les modes de vie des Français et le vécu d’une grande partie des familles de milieu populaire. Le modèle de la famille qui se met au vert l’été et au blanc l’hiver reste l’apanage du haut de l’échelle sociale. Parmi les ménages modestes, seuls ceux qui disposent d’un hébergement gratuit (famille ou amis) ou qui sont aidés par un comité d’entreprise (pour ceux qui travaillent dans les grandes entreprises) peuvent s’offrir de plus longs congés hors de chez eux.

Photo : Florian Pépellin, CC BY-SA 4.0/Wikimedia Commons

Notes:

  1. Depuis 2004, l’Insee ne publie malheureusement plus de données sur ce sujet.