L'abstention aux élections européennes du dimanche 25 mai a atteint 57 %, un niveau légèrement inférieur au scrutin de 2009 (59,4 %). La baisse de la participation à ce type d’élection a surtout eu lieu entre 1994 et 2004, quand l’abstention est passée de 47 à 57 %. Ce mouvement s'inscrit dans un processus plus large touchant d'autres types d'élections. Elle concerne davantage les catégories les plus modestes : en 2009 la moitié des cadres s’étaient abstenus contre 70 % des ouvriers1.

Un grand nombre de facteurs handicapent les élections européennes. Même s’il a été renforcé, les parlementaires élus n’ont qu’un faible pouvoir de décision par rapport à l’exécutif européen (la Commission). Leur rôle n’apparaît pas évident. Les politiques publiques mises en œuvre au niveau européen sont mal connues de la plupart des électeurs, et les dépenses (pour une grande part agricoles) portent rarement sur des éléments qui influencent le quotidien des Français. Le budget de l’Europe ne représente que 1 % de la richesse de l’Union européenne. Tant que l’enjeu ne sera pas plus élevé, la participation a peu de chance de progresser.

La multiplication des listes (plus de 20 en présence selon les régions) et la proximité des élections municipales n'a pas joué favorablement. Enfin, la présidentialisation du régime français conduit les électeurs mécontents à utiliser les élections intermédiaires pour exprimer un vote de protestation au plan national. L’ampleur de la crise économique et ses conséquences souvent ignorées s'est retrouvé dans les urnes avec une très forte poussée de l'extrême droite.

Notes:

  1. Voir, "Les critères sociaux de l'abstention aux élections européennes", Observatoire des inégalités, 16 juin 2009.