Les immigrés sont plus souvent au chômage que la moyenne de la population : leur taux s'élevait à 16 % en moyenne en 2010 et à 20 % pour les immigrés des pays hors de l'Espace économique européen 1, selon une note du ministère de l'Immigration 2.

De très nombreux facteurs expliquent ce phénomène. Le premier est le niveau de diplôme : les immigrés sont en moyenne moins qualifiés que les personnes nées en France et dans notre pays le diplôme joue un rôle déterminant dans l'accès à l'emploi. 48 % des immigrés de 15 ans et plus disposent au maximum du certificat d'études primaire, contre 30 % pour l'ensemble de la population vivant en France. Chez les 20 à 24 ans, 31,5 % sont dans cas, contre 15,6 % pour la moyenne du pays. Mais comme le montre le ministère de l'immigration, à niveau de diplôme équivalent, le taux de chômage des immigrés demeure supérieur. Pour les titulaires d'un bac, il est de 9 % pour les Français de parents français, contre 22,3 % pour les immigrés hors Espace économique européen. Pour les titulaires d'une licence et plus, les chiffres sont respectivement de 4,6 % et 16,3 %.

Il faut donc aller plus loin pour comprendre d'où vient l'écart. L'effet le plus souvent évoqué est la discrimination dont sont victimes les minorités "visibles". De nombreuses opérations dites de "testing" (via lesquelles on compare les résultats de candidatures qui ne se différencient que par le nom où la couleur de la peau, voir le site www.discriminations.inegalites.fr) ont montré que l'effet n'était pas négligeable. Malheureusement, faute de données statistiques, on ne peut mesurer son impact global sur le taux de chômage. D'autres éléments méritent d'être étudiés. Tout d'abord, si les diplômes obtenus sont de niveaux identiques, ils ne sont pas similaires, les enfants d'immigrés sont souvent, comme les filles, orientés dans des filières dites "moins nobles", conduisant plus difficilement à trouver un emploi. Disposer d'une licence de lettres modernes n'est pas équivalent à un diplôme d'ingénieur en termes d'intégration professionnelle. Ensuite, les enfants d'immigrés ne disposent pas tous des mêmes réseaux de relations pour s'intégrer dans l'emploi : rien de tel pour obtenir un bon stage ou un poste que de connaître des personnes qui sont dans le même type d'univers professionnel. Enfin, on l'oublie souvent, les immigrés qui sont étrangers3 sont exclus d'environ 5,3 millions d'emplois, soit un poste de travail sur cinq. Il est logique dès lors que leur taux de chômage soit supérieur.

 

Pour en savoir plus : "L'insertion professionnelle des immigrés et de leurs descendants en 2010", Infos migration n°31, janvier 2012.

Notes:

  1. Qui comprend l'Union européenne et quatre autres pays.
  2. Il faut noter que même avec un taux plus élevé, il ne représentent que 13 % de l'ensemble des chômeurs
  3. Une partie a été naturalisée, 40 % des immigrés sont Français