Comment évolue le niveau de vie en bas, en haut et au milieu de l’échelle des revenus ? Les vingt dernières années1 ont été très bénéfiques pour les plus riches, contrairement aux autres catégories. Mais la progression n’a pas été linéaire.

Depuis le milieu des années 1990, le niveau de vie des classes moyennes (apprécié ici par le niveau de vie médian2) a augmenté de 25 % une fois la hausse des prix déduite pour dépasser 2 100 euros par mois. Cela représente un gain de 5 200 euros sur n année, soit 430 euros mensuels. Contrairement à un discours très médiatisé il n’y a donc pas d’appauvrissement des classes moyennes. Mais il est vrai que la période 2009-2016 a été marquée par un long palier.

Le niveau de vie moyen des plus pauvres a progressé lui aussi de 20 % au cours de la même période, soit un gain de 1 580 euros sur un an (130 euros mensuels). L’ensemble de cette hausse a eu lieu uniquement entre 1996 et 2002. Depuis 20 ans, le niveau de vie des plus modestes stagne autour de 830 euros mensuels. On observe même des périodes de diminution, comme cela a été le cas entre 2008 et 2012, puis entre 2020 et 2021.

Les 10 % les plus riches touchent en moyenne 6 000 euros par mois. Leur niveau de vie s’est accru de manière bien plus importante : + 40 %, soit 21 000 euros de gain annuel (1 700 euros mensuels) au cours de la même période. C’est treize fois plus que ce qu’ont gagné les 10 % du bas de l’échelle. Ce gain représente à lui seul l’équivalent de deux ans de revenus au bas de l’échelle. L’amélioration du niveau de vie des plus aisés s’est produite en deux étapes : de 1996 à 2008, puis de 2016 à 2023, après la période de hausses d’impôts de 2011 et 2012.

Au total, l’écart entre le haut et le bas de la distribution des revenus a progressé de 19 500 euros entre 1996 et 2023. Alors que les couches moyennes et aisées continuent à voir leurs niveaux de vie s’élever, ceux du bas de l’échelle stagnent depuis plus de 20 ans. On met en avant un problème de « pouvoir d’achat » comme s’il était généralisé, alors que les difficultés financières concernent massivement le bas de l’échelle. En refusant de s’attaquer à la fracture des revenus, on nourrit un mécontentement social d’ampleur.

Notes:

  1. Les données disponibles de l’Insee vont de 1996 à 2023.
  2. La moitié de la population touche plus, la moitié touche moins, après impôts et prestations sociales.