La répartition des revenus est de plus en plus inégale en France, du fait de l’élévation de la part qui revient aux plus aisés. En 1996, les 10 % du haut de l’échelle recevaient 22,2 % de la masse globale des revenus soit 2,2 fois plus que si ceux-ci avaient été répartis également. Alors même que ces données tiennent compte des impôts et des prestations sociales. À la même date, les 10 % du bas n’avaient droit qu’à 3,3 % du total, trois fois moins que ce qu’ils auraient dû récupérer. En 2022, les plus riches ont augmenté leur part, obtenant 24,4 %, et celle des 10 % les plus pauvres a stagné. Le rapport entre ce que perçoivent ces deux tranches a progressé de 6,7 à 7,4 fois.

La part des 10 % les plus pauvres a légèrement augmenté entre 1997 et 2001 du fait de la vive croissance économique à cette période. Elle n’a ensuite quasiment jamais cessé de diminuer jusqu’en 2012. Elle est ensuite remontée pour atteindre un maximum en 2016, à 3,7 %. À partir de 2017, elle a progressivement décliné du fait de mesures fiscales très favorables aux plus aisés. La part des revenus perçue par le dixième le plus riche n’a pratiquement jamais cessé de progresser entre la fin des années 1990 et celle des années 2000, de 22,2 en 1996 à 24,7 % en 2011. Les mesures prises à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au début de celui de François Hollande l’on réduite assez nettement. Mais elle a réaugmenté à partir de 2018 pour revenir à peu de chose près à son record de 2011.

Il faudrait affiner ces observations en examinant l’évolution de ce que reçoit le 1 % le plus riche ou le 1 % plus pauvre. Malheureusement, on ne dispose pas des données comparables. L’Insee note tout de même qu’entre 2014 et 2021, la part des revenus déclarés (donc avant impôts) obtenue par ce 1 % a augmenté de 6,5 % à 7,7 %, essentiellement parce que la part du 0,1 % du sommet des revenus s’est accrue de 6,5 % à 7,7 %1.

Pour autant le processus le plus marquant n’est pas une explosion récente des écarts entre une poignée de riches et tous les autres, mais plutôt une ouverture lente des ces écarts qui prend sa source dès le milieu des années 1990. Cette évolution n’est pas continue : il y a aussi eu des phases durant lesquelles les écarts ont diminué. La société française est face à une fracture durable et profonde, qui contraste avec les périodes de rapprochement des niveaux de vie des années 1970 et 1980.

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Notes:

  1. Revenus et patrimoine des ménages, Insee Références, Insee, 2024.