Le taux de pauvreté augmente en France depuis le début des années 2000. Entre 2003 et 2023, il a progressé de 7,1 % à 8,4 % au seuil situé à 50 % du niveau de vie médian, et de 13 % à 15,4 % au seuil de 60 % selon l’Insee. L’essentiel de la hausse a eu lieu dans les années 2000. Si on utilise le seuil de 50 % (lire notre définition), le nombre de pauvres a augmenté de 4,1 à 5,4 millions au cours de cette période, pour partie du fait de la progression de la population. Être pauvre aujourd’hui, c’est vivre avec au maximum 1 073 euros par mois pour une personne seule.

Cette remontée constitue un changement important. La pauvreté avait nettement baissé dans les années 1970 et 1980. Au seuil de 50 %, le taux de pauvreté s’est réduit de 12 % à 8 % entre 1970 et 1990, le nombre de pauvres est alors passé de 5,8 à 3,8 millions alors que la population augmentait. À l’époque, les revenus des classes moyennes s’élèvent, mais ceux des plus modestes s’accroissent davantage, en dépit de la montée du chômage qui s’amorce à partir de la fin des années 1970. Les plus pauvres rattrapent les revenus des classes moyennes. En particulier les plus âgés, dont le taux de pauvreté s’est très fortement réduit.

Le milieu des années 1990 et surtout le début des années 2000 ont marqué un tournant. À partir de ce moment, la pauvreté progresse sous l’effet de plusieurs facteurs différents. Le nombre de familles monoparentales aux faibles revenus s’élève. Même si la France est moins accueillante que ses voisins, l’immigration reprend. Mais, au fond, la hausse de la pauvreté résulte d’une croissance qui demeure historiquement faible et, en conséquence, d’un niveau de chômage élevé. L’amélioration de la situation de l’emploi depuis 2015 a un effet réduit, car elle s’accompagne d’une augmentation de la précarité et qu’elle concerne peu les ménages très modestes. Le refus de permettre aux réfugiés de travailler les empêche de sortir de la pauvreté, ce qui accroît le nombre de personnes totalement démunies, même si une partie de ces personnes est absente de ces statistiques.
Les données de l’Insee s’arrêtent en 2023, année marquée par une forte hausse de la pauvreté. Il est impossible de dire ce qui s’est passé depuis, faute de données plus récentes. L’inflation a ralenti, ce qui est une bonne chose pour les plus modestes, mais le chômage ne baisse plus. Il est probable qu’en 2024 et 2025 on assiste à une hausse plus modérée, mais rien n’indique de retournement de la tendance depuis.


Comprendre l'évolution de la pauvreté
L’évolution de la pauvreté est souvent mal interprétée. Le seuil de pauvreté est fixé par rapport au niveau de vie médian1, le plus souvent à 50 % ou 60 % (voir notre article). Quand le niveau de vie médian augmente, le seuil de pauvreté aussi.
Une hausse du nombre de pauvres ne signifie pas que la population soit de plus en plus pauvre, mais qu'un nombre plus important de personnes se situent en dessous de cette fraction du niveau de vie médian. On peut avoir une augmentation de la pauvreté alors que le revenu des plus pauvres augmente, mais moins vite que celui des classes moyennes.
Notes:
- Le niveau de vie médian est le revenu pour lequel la moitié de la population gagne moins, l’autre moitié davantage. ↩