Pourquoi devient-on allocataire d’un minimum social et comment en sort-on ?1. Tout dépend du type d’allocation perçue, note une étude du ministère des Affaires sociales 2 : il faut distinguer celles que touchent des personnes en difficulté économique (comme le RSA) de celles perçues par les personnes âgées et handicapées.

Logiquement, les personnes âgées ou handicapées sont devenues allocataires (données au 31 décembre 2011) pour l'essentiel du fait de leur âge (63 %, voir tableau ci-dessous) ou de leur condition physique (75 %). On notera qu’une partie non négligeable (autour de 15 % dans les deux cas) a obtenu l’information ou a fait valoir ses droits avec retard. Il s'agit le plus souvent d'immigrés, de personnes peu diplômées ou en détresse psychologique, qui connaissent mal le système de protection sociale, note le ministère. Pour les titulaires du RSA, la raison principale d'entrée dans le dispositif est la perte d’un emploi ou la fin d’un CDD (41 %). C'est massivement la dégradation du marché du travail qui alimente les minima sociaux, compte tenu de la faiblesse des indemnités chômage. Un cinquième a commencé à toucher la prestation du fait de son âge : il s'agit notamment de jeunes qui entrent dans leur 25e année. Les changements familiaux (décès, naissance, divorce notamment) jouent dans 13 % des cas.

Comment quitte-t-on le statut d’allocataire ? Les plus âgés n’ont que très peu d’occasions d’élever leur niveau de vie, à moins de percevoir un revenu exceptionnel ou de reformer un couple avec un partenaire plus aisé. Même chose pour ceux qui touchent l’allocation adulte handicapé : sur 100 allocataires au 31 décembre 2011, 94 l’étaient toujours au 4e trimestre 2012, cinq avaient basculé dans un régime de retraite et un seul avait repris un emploi.

En revanche, sur 100 personnes percevant l’allocation spécifique de solidarité (chômeurs en fin de droits), plus du quart ne l’étaient plus l’année suivante, dont 14 % après avoir repris un emploi. Pour le RSA, les sorties dans l’année sont moins fréquentes : sur 100 allocataires, 16 ne l’étaient plus un an plus tard, dont cinq qui avaient retrouvé un emploi. Ces données illustrent les difficultés à reprendre pied dans le marché du travail en pleine période de crise : plus du tiers des allocataires n’ont aucun diplôme.

Notes:

  1. Pour le détail des minima sociaux voir notre article.
  2. Voir « Profil et trajectoires des bénéficiaires d’un revenu minimum garanti en 2012 », Audrey Isel, in « Minima et prestations sociales 2014, min. des Affaires sociales, 2015.