Quatre millions de personnes sont allocataires d’un minimum social en France, selon le ministère des Affaires sociales (données fin 2013)1. Si l’on comptabilise les conjoints et les enfants, sept millions de personnes sont ainsi protégées, soit plus de 10 % de la population. Qui sont-elles ? 43 % des allocataires (1,7 millions) sont des personnes âgées ou handicapées. Il s’agit souvent de femmes retraitées qui n’ont pas exercé d’activité, de personnes accidentées ou atteintes d’une maladie grave, aux ressources modestes. 11 % des allocataires (455 000) sont des demandeurs d'emploi, qui ont travaillé mais n’ont plus de droits à faire valoir auprès de l’assurance chômage. 45 % des allocataires (1,8 millions de personnes) touchent le revenu de solidarité active parce qu’ils n’entrent pas dans les cases précédentes. On y trouve par exemple des mères de famille avec leurs enfants, ou des jeunes adultes (après 25 ans) qui  n’arrivent pas à prendre pied dans l’emploi. Enfin, une prestation très marginale, l’allocation temporaire d’attente2 concerne environ 50 000 cas particuliers : des étrangers, des sortants de prison ou des expatriés non couverts par l’assurance chômage.

Contrairement aux pays anglos-saxons, notre système de retraite assure en règle générale des revenus suffisants pour éviter la pauvreté. 11 % de la population a entre 65 et 74 ans, mais c’est le cas de 4,5 % des allocataires (données à fin décembre 2011). Les moins de 25 ans ne constituent que 4 % des allocataires, soit trois fois moins que leur part dans la population : l’accès à un minimum social leur est presque impossible, ce qui contraint une partie des jeunes sans soutien familial ou en rupture à vivre à la rue.

Les couples (avec ou sans enfants) forment 44 % des allocataires contre 65 % de l’ensemble de la population. Cette situation résulte de la solidarité entre partenaires au sein d'un couple. Inversement, les personnes seules avec ou sans enfants, sont surreprésentées : du fait des femmes âgées seules (titulaires du minimum vieillesse), mais aussi des familles monoparentales, qui constituent 17 % des allocataires.

La part des immigrés3 parmi les allocataires (22 %) est beaucoup plus importante que dans la population globale (8 %). Ces populations cumulent les difficultés d’insertion dans l’emploi liées à la fois au diplôme, aux discriminations et à l’interdiction de nombreux emplois publics pour ceux qui sont étrangers originaires d’un pays hors Union européenne.

Le critère qui sélectionne le plus est le diplôme. Plus du tiers des allocataires sont sans diplôme, contre 7 % de la population totale du même âge. 12 % des allocataires ont au moins bac+2, deux fois moins que la moyenne. L’échec scolaire conduit une partie des jeunes à sortir du système éducatif sans assez de bagages. L’importance allouée à ces titres scolaires par les employeurs et la faiblesse de notre pays en matière de formation professionnelle rend beaucoup plus difficile les parcours de ceux qui n’ont pas décroché de titre.

Personnes âgées ou handicapées, femmes seules avec enfants, jeunes ou moins jeunes sans diplômes, la France des minima sociaux est d'abord l'image de la France populaire. Une bonne moitié, du fait de son handicap, de son âge, ou de sa situation familiale n’a que de très faibles espoirs de voir sa situation changer : le minimum qu’on lui verse permet seulement de lui éviter la misère. Pour l’autre moitié, les minima comblent pour une grande part les faiblesses de l’indemnisation du chômage dans notre pays.

Notes:

  1. « Les bénéficiaires de minima sociaux en 2013 », études et résultats n°945, min. des Affaires sociales, décembre 2015. Voir aussi notre article sur le détail des minima sociaux.
  2. Devenue allocation pour demandeur d’asile pour les étrangers à partir du 1er novembre 2015.
  3. Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger, qui vit sur le sol français.