Depuis 50 ans, les Français boivent de moins en moins d’alcool. Entre 1970 et 2018, la consommation d’alcool pur1 est passée de 21,6 à 11,6 litres par habitant et par an, selon l’Insee2. La part de ceux qui déclarent boire au moins un verre tous les jours a diminué d’un quart à un dixième de la population entre 1992 et 2014, selon Santé publique France. Cette bonne nouvelle est due en grande partie au déclin de la consommation de vin au quotidien, vieille tradition nationale. De nombreux facteurs se conjuguent pour expliquer la moindre consommation d’alcool : déclin de l’univers ouvrier, attention au corps plus importante, amélioration de l’éducation à la santé et de la prévention, etc.

Cette amélioration merité d’être nuancée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’alcool tue toujours plus de 40 000 personnes chaque année, selon Santé publique France. Au total, 11 % des décès des hommes et 4 % des femmes seraient liés à l’alcool. Chez les 35-64 ans, l’alcool représente 15 % des décès. Après le tabagisme, l’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France. Ensuite, la baisse est plus lente depuis le milieu des années 2000, comme si l’on atteignait un plancher. À la fin des années 2010, l’usage quotidien d’alcool a même augmenté chez les 18-75 ans. La France reste l’un des pays où l’on boit le plus, 1,7 fois plus par exemple qu’en Italie. « En 2015, la France avait une des consommations d’alcool parmi les plus élevées en Europe en se situant au 43e rang sur les 53 pays de la région Europe de l’Organisation mondiale de la santé », indique Santé publique France. Enfin, ces données moyennes masquent en effet des écarts importants entre catégories. 10 % des 18-75 ans consomment à eux seuls 58 % de l’alcool bu par l’ensemble de la population. La situation est préoccupante chez les jeunes : 13,4 % déclarent au moins dix ivresses par an. Dans un pays où la production d’alcool représente un secteur économique particulièrement important, les messages de prévention dans ce domaine sont sans rapport avec ceux mis en place sur le tabac.

Notes:

  1. Plus ou moins dilué, selon le type de boisson.
  2. Il s’agit en réalité de litres d’alcool mis en vente.