Les jeunes des départements d’outre-mer connaissent d’énormes difficultés scolaires. Selon une étude du ministère de l’éducation réalisée lors de la journée « défense citoyenneté », la part de jeunes de 18 ans en difficulté de lecture atteint 10 % en moyenne pour l’ensemble de la France (données 2012), mais entre 30 et 75 % dans les Dom. La moyenne nationale masque en effet les écarts qui existent entre les territoires. En métropole, le taux s'étend de 5 % de jeunes en difficulté en Haute-Savoie à 16 % dans l’Aisne. On en est très loin dans les Dom : le taux atteint 27,6 % à la Réunion, 30,4 % en Martinique, 33 % en Guadeloupe mais aussi 48,4 % en Guyane et 74,9 % à Mayotte.
Parmi les 10 % de jeunes en difficulté, le ministère estime que 4,1 % sont en situation d’illettrisme (données 2011) pour l'ensemble de la France. Mais le chiffre atteindrait 15,5 % à la Réunion, 17 % en Martinique, 20 % en Guadeloupe et 28 % en Guyane. A Mayotte, pas moins de 44 % des jeunes de 18 ans seraient illettrés. En métropole, cette situation touche une fraction très minoritaire de jeunes qui accumulent les difficultés (sociales, relationnelles, de santé, etc.), mais dans les Dom, l’illettrisme touche une fraction entière de la jeunesse.
Au-delà de l'illettrisme proprement dit, la scolarisation des jeunes des Dom reste très en-deçà des pratiques de la métropole, et entre les Dom eux-mêmes les écarts sont conséquents. Un quart des jeunes martiniquais, guadeloupéens et réunionnais de 20 à 24 ans ayant quitté le système scolaire n’ont que le niveau du primaire, contre 14 % en métropole (données 2009 du recensement). Le chiffre atteint 53 % en Guyane. A Mayotte, la non-scolarisation reste massive : selon les données du recensement 2007, 40 % des jeunes de 18 à 24 ans n’ont jamais été scolarisés, 60 % ont au plus le niveau primaire.
Jusqu'à présent, les données officielles faisaient apparaître une amélioration constante du niveau scolaire. Une étude réalisée en 2006-2007 par l’Insee Martinique soulignait déjà les difficultés spécifiques des jeunes, et mettait en avant l’impact des mauvaises conditions de vie et du diplôme des parents dans la formation des jeunes. « Le retard éducatif se comble », indiquait cependant encore à l’époque l’Insee Martinique. De même, l’Insee Réunion soulignait la hausse du niveau selon les générations : 12 % des 18-29 ans étaient signalés en difficulté face à l’écrit en 2007, contre plus de la moitié des 60 à 69 ans.
Pourtant, il n’est pas certain que le processus se poursuive aujourd’hui au même rythme. C’est en tous cas clairement le cas de la Guyane, où la part de non-diplômés par âge est équivalente chez les 20-24 ans et les 45-49 ans. Les comparaisons régionales de l’Insee sur la période 1999-2009 sur les peu diplômés (jusqu’au bac) font aussi apparaître cette stagnation. La dégradation de la situation économique des familles dans des territoires très inégalitaires et l'ampleur du chômage des jeunes (jusque 70 %) sont des facteurs très défavorables. Une chose est sûre : de tels chiffres appliqués à des départements de métropole auraient suscité une mobilisation plus importante des moyens publics.
Pour en savoir plus :
– "Journée défense et citoyenneté 2012 : un jeune sur dix rencontre des difficultés de lecture", ministère de l'éducation, note d'information n°13.09, juin 2013.
– Données départementales de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme.
– "Lire, écrire, compter, la maîtrise des compétences clé en Martinique", Insee Martinique, juin 2008.
– "Communication écrite, un adulte sur cinq en situation préoccupante", Insee Réunion, n°2, octobre 2008.