Le taux de chômage dans les quartiers dits « prioritaires »1 de la politique de la ville (QPV) – 18,6 % – est plus de deux fois supérieur à celui des quartiers environnants2 (8,5 %), selon les données 2018 de l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV)3. Chez les jeunes actifs de moins de 30 ans, le taux est de 30,4 %, deux fois plus que dans les autres quartiers.

Le niveau de chômage de ces quartiers est d’abord lié au fait qu’on y compte moins de personnes diplômées, mais cela n’explique pas tout. À niveau scolaire équivalent, trouver un emploi y est plus difficile. 22,2 % des non-diplômés des quartiers en difficulté sont au chômage, contre 15,3 % hors de ces quartiers. Les détenteurs d’un diplôme sont, eux aussi, beaucoup plus souvent concernés : le taux de chômage des personnes de niveau bac + 2 est de 11,3 %, contre 5,8 % dans les quartiers avoisinants. Bref, l’âge et le niveau diplôme se conjuguent et aboutissent parfois à des niveaux de chômage très élevés, ce que les jeunes qualifient de « galère ».

De nombreux facteurs expliquent les écarts de chômage pour un même diplôme. Dans ces quartiers, les populations d’origine étrangère sont plus nombreuses. Elles sont parfois victimes de discriminations à l’embauche, mais aussi de l’interdiction d’exercer dans un grand nombre d’emplois de la fonction publique pour les étrangers hors Union européenne. Leur réseau social moins étendu, une mobilité moindre (le fait d’avoir son permis et une voiture par exemple) jouent aussi.

La situation s’améliore dans les quartiers de la politique de la ville depuis 2015. Le taux de chômage qui était de 26,7 % en 2014 est descendu à 18,6 % en 2020. L’amélioration globale du marché du travail profite donc aussi aux territoires les plus en difficulté. Cette évolution est d’autant plus remarquable que les quartiers de la politique de la ville accueillent les personnes les plus en difficulté et voient partir ceux qui s’en sortent le mieux. Cependant, ces moyennes masquent la situation bien plus dégradée des quartiers les plus pauvres parmi les plus en difficulté, avec des niveaux de chômage qui, notamment pour les jeunes peu diplômés, atteignent des niveaux bien supérieurs à 30 %.

Notes:

  1. Ces quartiers ont été définis par l’État comme prioritaires sont les plus pauvres de France. Essentiellement composés de logements sociaux, ils accueillent très majoritairement des populations ouvrières et employées.
  2. Précisément, il s’agit des autres quartiers des villes qui comportent des quartiers prioritaires.
  3. « Rapport 2021 », Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), décembre 2022.