pyrmaisonretraite730 000 personnes âgées vivent en maison de retraite, selon le ministère des Affaires sociales (données 2015)1. Dans leur immense majorité, il s’agit de femmes très âgées, disposant d’une très faible autonomie, qui vivent en collectivité faute de pouvoir faire autrement.

Près des trois quarts des résidents sont des résidentes. Chez les plus « jeunes » des plus âgés, jusque vers 68 ans (moins de 10 % des personnes hébergées), on compte autant d’hommes que de femmes. Ensuite, la proportion de femmes ne cesse de croître pour dépasser 80 % après 80 ans. Entre 85 et 89 ans, 18 % des femmes vivent en établissement, contre 10 % des hommes.

Les résidents de maison de retraite sont de plus en plus âgés. La moitié a plus de 87 ans et 5 mois,  un an de plus qu’en 2011. Cette évolution est l’effet de plusieurs phénomènes. D’un côté, la vie s’allonge et l’âge de la perte d’autonomie s’élève. De l’autre, arrivent à cet âge des générations de l’entre-deux-guerres plus importantes que celles de la Première Guerre mondiale.

Les personnes âgées en maison de retraite sont pour la plupart très affaiblies. La moitié est confinée au lit ou en fauteuil (GIR 1 et 2)2, 70 % ont besoin d’une aide plusieurs fois par jour (GIR 1 à 3). Pas moins de 93 % ont besoin d’aide pour réaliser leur toilette, 86 % pour s’habiller et 70 % pour s’alimenter, révèle l’étude du ministère. Seulement un quart peut se déplacer seul.

Les intéressé(e)s, tant qu’ils le peuvent, préfèrent vivre à domicile où ils ont leurs habitudes. Il faut dire que certains établissements proposent un hébergement de faible qualité tout en pratiquant des tarifs élevés3 En 2013, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, avait réclamé de pouvoir se rendre dans ces établissements, requête restée sans suite. C’est en partie parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de rester à leur domicile, se faisant aider pour cela, qu’une partie des aînés sont contraints à vivre dans des lieux collectifs. Selon l’Insee (données 2009), les anciens cadres ne représentent que 3 % des personnes vivant en maison de retraite, deux fois moins que leur part dans la population de plus de 60 ans (7 %).

Forte hausse à prévoir

Le nombre de personnes vivant en maison de retraite a augmenté de 6 % entre 2011 et 2015, sous l’effet de la hausse du nombre de personnes âgées. En revanche, la part d’hébergés a très peu varié. Selon les projections de l’Insee, la population des plus de 75 ans devrait augmenter de 2,4 millions de personnes (de 6,1 à 8,5 millions) d’ici 12 ans, ce qui représente un besoin supérieur à 200 000 places. De nombreux facteurs vont jouer : l’autonomie des seniors s’améliore mais, en même temps, les générations d’« aidants » (dans l’immense majorité des aidantes) seront de moins en moins enclines à prendre en charge leurs aînés.

Confrontée à une demande en forte hausse, notre société devra réaliser des investissements considérables pour favoriser le maintien à domicile, accueillir davantage de personnes dans les établissements et améliorer le niveau de la qualité. Si ces dépenses nouvelles ne sont pas prises en charge par la collectivité sur la base de tarifs, il y a fort à parier que les plus démunis, déjà en difficulté, auront beaucoup de mal à accéder à un hébergement de qualité digne de ce nom à l’avenir. Actuellement, on note plutôt une baisse des moyens des maisons de retraite publiques, baisse dénoncée par la Fédération hospitalière de France fin juillet 2017.

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Notes:

  1. « 728 000 résidents en établissements pour personnes âgées en 2015 », Etudes et résultats n°1015, min. des Affaires sociales, juillet 2017.
  2. Voir notre article sur la classification des degrés de la dépendance.
  3. Un quotidien régulièrement décrit. Voir par exemple « On ne les mets pas au lit, on les jette : enquête sur le quotidien d’une maison de retraite », Florence Aubenas, Le Monde, 18 juillet 2017.