Combien coûte l’hébergement d’une personne âgée en maison de retraite ? La dernière grande enquête officielle date de 2007. Une étude préliminaire menée par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) auprès de 50 établissements estime à 2 900 euros mensuels le coût moyen d'une place d'hébergement, prise en charge compris. Un chiffre légèrement supérieur aux 2 700 euros mensuels chiffrés par le cabinet KPMG à partir d'une enquête auprès de 323 établissements publics et privés non lucratifs (données 2011). Un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) réalisé auprès de 20 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) de quatre départements, publié en août 2009, situait quand à lui le tarif moyen à 2 200 euros hors prise en charge, atteignant 2 900 euros en milieu urbain et atteignant parfois 5 000 euros.
Selon KPMG, Après déduction des aides publiques, dans les structures non agréées et donc non habilitées à l’aide sociale, le reste à charge moyen pour l'hébergé serait de 1860 euros mensuels, avec un minimum de 1300 euros et un maximum de 3 700 euros. La charge nette moyenne serait semblable dans les Ehpad agréés, de l’ordre de 1 800 euros, mais le minimum se situerait à 850 euros et le maximum à 3 700 euros. Pour la grande majorité des personnes âgées, il est impossible de se loger en établissement sans faire appel à l’aide familiale (souvent les enfants) hormis dans quelques maisons de retraites agréées.
Pour réduire leur reste à charge, les résidents peuvent bénéficier d’aides publiques de l’Etat (aides fiscales), de la Caisse nationale d’allocations familiales (aides au logement) et des Conseils généraux (aides sociales). Mais ces dispositifs sont hétérogènes et « largement anti-redistributifs » indiquait l’Igas : « L’aide sociale à l’hébergement assure historiquement mais marginalement l’accessibilité financière pour les résidents aux ressources insuffisantes ». Le parc public d’Ehpad, le moins cher, est « inégalement entretenu » et devrait être « sérieusement modernisé ». « Un tarif élevé ne garantit aucunement une prise en charge satisfaisante, tandis qu’un tarif bas ne l’exclut pas », écrivent les auteurs du rapport.
Seuls ceux qui peuvent compter sur des retraites élevées ou sur la vente de leur patrimoine ont une chance d’accéder aux meilleures prestations. Dans de nombreux cas, l’entrée en maison de retraite est en partie au moins financée par les descendants (quand ils en ont les moyens) réduisant du même coup leur niveau de vie. Au total, « de nombreuses personnes âgées aux revenus limités sont confrontées à une offre de proximité très étroite qui ne leur propose que des Ehpad dont les tarifs sont inaccessibles pour elles. », estime l'Igas. Un certain nombre de personnes âgées démunies achèvent leur vie dans des conditions d’hébergement (confort réduit, chambres partagées) incomparables à celles que connaissent ceux qui ont les moyens de payer le prix fort.
Des pratiques commerciales parfois douteuses. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a visité 311 établissements d'accueil. Résultat : 58 % ne respectaient pas les règles, ce qui a donné lieu à 178 avertissements, 12 injonctions, 7 procès verbaux et une mesure de police administrative. Nombre de lits affiché supérieur à celui autorisé, prestations inexistantes, mentions relatives à la prise en charge sanitaire inexacte… : même si les faits relevés sont de gravité inégale, il reste aussi un effort à faire en matière d'information, effort d'autant plus important que l'on s'adresse à des personnes âgées.
Pour en savoir plus :
– Premiers résultats de l'enquête de coûts en Ehpad, CNSA, DGCS, ATIH, avril 2014.
– Observatoire des Ehpad 2013, KPMG, janvier 2013.
– Etat des lieux relatif à la composition des coûts mis à la charge des résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes , Inspection générale des affaires sociales, août 2009.