Le niveau de vie moyen de la population a augmenté de 10 % entre 2001 et 2011 1 en tenant compte de l’inflation, selon les données de l’Insee. Les variations ont été très différentes selon les tranches d’âge. Depuis 2008, les moins de 55 ans voient leurs revenus baisser ou stagner, alors que les plus âgés continuent à s’enrichir.

Le niveau de vie des 65-74 ans 2 a augmenté de 19 % entre 2001 et 2011, soit plus de 4 000 euros annuels pour une personne seule. Ce phénomène est lié notamment à la progression du taux d’activité féminin depuis les années 1970. De plus en plus de femmes arrivent à l’âge de la retraite avec des carrières plus longues, qui donnent droit à des pensions supérieures. Les générations les plus marquées par la crise (nées à partir des années 1960) ne sont pas encore arrivées à l’âge de la retraite. A l’avenir, de plus en plus de retraités auront connu des années difficiles, ce qui pèsera sur les pensions.

Les plus mal lotis sont les 45-54 ans, dont le niveau de vie n’a augmenté que de 3 % au cours des dix dernières années, et a même diminué de 1,2 % entre 2008 et 2011. Si leur taux de chômage reste beaucoup plus faible que celui des jeunes, le nombre de chômeurs a augmenté rapidement dans cette tranche d’âge. Le total des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a doublé entre 2008 et 2011, ce qui peut être une explication. Au total, la crise a un impact sur les revenus de toutes les générations avant 55 ans. Les 25-34 ans connaissent à peu près le sort des 45-54 ans (+ 5 % sur dix ans et -1,4 % entre 2008 et 2011), ce qui traduit une détérioration des débuts de carrière passée la phase d’insertion. La situation des 18-24 ans est intermédiaire : leurs revenus ont stagné (+0,4 %) entre 2008 et 2011, un peu moins que la moyenne (+0,7%). Pour cette tranche d’âge, le début des années 2000 a été plus difficile, avec une baisse de 4,5 % entre 2002 et 2005. Comme si, finalement, une partie de l’ajustement était antérieure à la crise. Ceci dit, le taux de chômage des jeunes a à nouveau fortement progressé à la fin de l’année 2011, il est possible que la situation se soit détériorée depuis.

Ces données par tranche d’âge masquent des écarts selon le niveau de diplôme ou le milieu social. A l’intérieur d’une même tranche, une évolution moyenne peut dissimuler une hausse pour les plus favorisés et une détérioration pour les plus défavorisés. Chez les 18-24 ans, les moins diplômés connaissent des conditions d’emploi (chômage, précarité, etc.) et donc de revenus sans rapport avec ceux qui sont issus des filières dites « d’excellence ». Les 65-74 ans sont aussi loin d’être tous logés à la même enseigne. Notamment ceux qui parmi eux ont déjà connu les effets de la crise et qui ont perdu leur emploi à la cinquantaine.

Notes:

  1. Toutes les données intègrent les impôts directs et les prestations sociales. Elles portent sur l’équivalent d’une personne seule.
  2. Il s’agit du niveau de vie de cette tranche d’âge et non d’une génération. Les 65-74 ans de 2001 ne sont pas les mêmes, par définition, que ceux de 2011