Près de 90 % d’une génération a atteint le niveau du bac en 20201, contre un jeune sur dix dans les années 19602. Cette augmentation est le fruit d’une politique d’investissement public dans l’éducation qui commence dès la fin des années 1950. À l’époque, la France, pays rural, était très en retard sur ses voisins. La période de la fin des années 1980 jusqu’au début des années 1990 a été particulièrement marquante : le taux d’accès au bac a doublé en dix ans, de 30 % à 60 %. Entre le milieu des années 1990 et 2010, le taux de bacheliers a stagné. Il a repris sa progression à la fin des années 2000.

Dans les années récentes, cette hausse résulte d’abord de la progression bac professionnel à la fin des années 2000. Mais depuis dix années, il stagne. Même chose depuis deux décennies pour le bac technologique qui, en théorie, devrait conduire à des filières relativement valorisées. Il faut dire qu’une partie des places de cette filière (en BTS et IUT notamment) sont occupées par des bacheliers des filières générales que préfèrent recruter les établissements concernés. La part de bacheliers de l’enseignement général est restée assez stable du milieu des années 1990 au début des années 2000, autour de 35 %. Elle a repris sa progression depuis, pour atteindre 46 % en 2020. Il faut rappeler qu’une grande majorité des enfants des générations récentes (54 %) n’accède pas au bac général qui reste le diplôme qui permet d’accéder aux filières les plus réputées de l’enseignement supérieur.

Des inégalités sociales qui persistent

68 % des enfants de cadres supérieurs et des professions intermédiaires nés entre 1970 et 1974 ont eu leur bac contre 41 % des enfants d’ouvriers et d’employés. Pour la génération 1990-1994, les taux sont respectivement de 81 % et 58 %. L’accès au bac se démocratise, mais l’écart entre milieux sociaux a peu diminué entre les générations nées dans les années 1970 et celle nées dans les années 1990. Pour partie, la démocratisation de l’accès s’est faite grâce au bac professionnel. Ces moyennes cachent en effet des inégalités très grandes selon le type de bac obtenu. En outre les groupes sociaux (« cadres et professions intermédiaires ») déterminés par le ministère sont très larges ce qui masque aussi des écarts importants en leur sein.

89 % de réussite au bac Plus de 750 000 candidats passent les épreuves du baccalauréat chaque année. La plupart de ceux qui en sont là seront diplômés : le taux de réussite atteint près de 90 % (davantage en 2020 et 2021, mais dans des conditions particulières), contre 75 % au milieu des années 1990. Cette évolution résulte de différents facteurs : l’élévation générale du niveau scolaire, plus grande clémence des correcteurs, mais surtout une perception plus forte de l’enjeu scolaire par les élèves, dans un contexte de chômage qui dure. Dans leur très grande majorité, les candidats se préparent soigneusement à l’épreuve et récoltent les fruits de leurs efforts. Là aussi, des écarts existent entre catégories sociales : 95 % des candidats au bac général enfants d’enseignants obtiennent leur diplôme, contre 85,5 % des enfants d’ouvriers et 80 % des enfants dont les parents n’ont pas d’activité professionnelle.

Notes:

  1. Les jeunes qui ont passé le bac en 2020 sont nés autour de 2002 (certains sont en avance, d’autres ont redoublé.
  2. Des jeunes nés au début des années 1940.