Avec 37,3 %, les élections législatives de 2022 marquent un coup d’arrêt à la progression de la part des femmes à l’Assemblée nationale. Un contraste important avec le mouvement de féminisation que l’on constate depuis le début du XXIe siècle. Jusqu’à la fin des années 1990, la part des femmes parmi les députés avait stagné sous la barre des 6 %, elle a grimpé jusqu’à 39 % en 2017. Chez les sénateurs la part des femmes a atteint 33,3 % en 2020. La tendance est encore plus marquée au niveau des assemblées locales. Les femmes représentent désormais 40 % des conseillers municipaux, la moitié des conseillers régionaux et départementaux.

Cette évolution constitue un changement majeur : la place des deux sexes s’est notablement rééquilibrée alors qu’il y a quelques décennies la vie politique était presque totalement dominée par les hommes. Les nouvelles femmes élues constituent des exemples pour les plus jeunes et créent un effet d’entraînement. Pour cela, il aura fallu des batailles et la contrainte de plusieurs lois sur la parité en politique, la première ayant été votée en juin 2000. Les avancées obtenues constituent un argument pour les défenseurs de la discrimination positive : l’imposition de quotas a accéléré le mouvement d’égalisation. Sans eux, les femmes seraient encore moins bien représentées.

Pour autant, les hommes n’ont cédé qu’une partie du pouvoir. Ils représentent toujours 63 % des députés et 67 % des sénateurs. Les législatives de 2022 constituent une rupture de tendance : depuis 25 ans, la part des femmes avait toujours augmenté à l’Assemblée nationale. S’agit-il d’une pause ou d’une rupture plus profonde, la part des femmes atteignant un plafond ? Rendez-vous au prochain scrutin.

Les hommes continuent à occuper les postes de décision. Seules deux femmes, Edith Cresson, (1991-1992) et Elisabeth Borne (2022) ont occupé le poste de Première ministre depuis les débuts de la Ve République en 1958. La présence de quelques femmes à la tête de grandes villes comme Lille (Martine Aubry) et Paris (Anne Hidalgo) masque le fait que 80 % des maires sont des hommes. Les femmes ne représentent qu’à peine plus de 10 % des présidents de conseils communautaires (qui gèrent les agglomérations), ne forment que 20 % des présidents de conseils départementaux et elles ne dirigent qu’une région sur trois. Au sein des exécutifs, elles occupent plus souvent des postes moins prestigieux. Au niveau local, elles sont par exemple plus souvent en charge de domaines soi-disant féminins, comme la petite enfance ou la santé. Au niveau national, les ministères clés comme l’économie et le budget restent dans l’immense majorité des cas détenus par des hommes.

L’ampleur du mouvement d’égalité entre les sexes au niveau des assemblées – même si les législatives de 2022 marquent un repli – devrait porter ses fruits aux postes de pouvoir, même s’il faudra sans aucun doute encore quelques décennies pour un véritable partage entre les sexes. Ce mouvement ne résulte pas uniquement des pratiques des partis politiques, mais il reflète la division des genres dans notre société, de la famille à l’école, en passant par l’emploi notamment.

La question de la représentation au sein du pouvoir politique de la population se pose pour le genre, mais aussi pour d’autres catégories de population, comme les jeunes, les personnes issues de l’immigration et les milieux populaires qui figurent en très mauvaise position. Les employés et les ouvriers en activité, qui représentent un peu moins de la moitié des emplois, ne comptent que pour 5 % des députés de 2022.