La part de la population inscrite en bibliothèque a diminué de 21 % à 15 % entre 1997 et 2018, selon les enquêtes sur les pratiques culturelles réalisées par le ministère de la Culture. Le taux est désormais revenu à son niveau du début des années 1980. La progression des années 1980 à 2000 – le taux d’inscrits a alors grimpé de 14 à 21 % – a été favorisée par le développement du nombre d’établissements, puis par le prêt de supports audio et vidéo (essor des médiathèques). Mais les bibliothèques sont aujourd’hui marquées par une nette désaffection.

Les bibliothèques vont-elles disparaître ? Le téléchargement et la diffusion en streaming sur Internet réduisent l’intérêt d’aller emprunter des CD et des DVD, notamment chez les plus jeunes. La part des 15 à 19 ans inscrits en bibliothèque a été divisée par deux de 40 % à 20 % en vingt ans. Ce mouvement concorde avec dans une diminution de la lecture de livres dans l’ensemble de la population. On ne dispose pas de données récentes, mais la crise du Covid-19 a éloigné le public des lieux culturels en général et on peut imaginer que les bibliothèques ne sont pas épargnées.

Pour autant, l’intérêt pour la lecture en général ne diminue pas. Comme l’édition, une partie des bibliothèques, devenues médiathèques, se sont modernisées, adaptées, organisant par exemple davantage de manifestations. L’élévation du niveau de diplôme joue en faveur de la fréquentation à long terme. On utilise aussi les bibliothèques comme lieu d’étude ou de travail, sans avoir à y être nécessairement inscrit ou à y emprunter des livres. La fréquentation globale baisse moins que l’inscription, baissant de 31 % à 27 % entre 1977 et 2018.

La désaffection est réelle et le passage à l’inscription payante1 n’a pas favorisé la fréquentation. Pour l’heure, il est difficile de dire quel impact aura la numérisation du livre : va-t-on vers des bibliothèques publiques accessibles en ligne comme c’est pour beaucoup le cas dans les universités ? Une partie des grands classiques sont déjà diffusés gratuitement. N’est-ce pas l’objet livre lui-même qui est remis en cause à plus long terme ?

Pour regagner du public, les bibliothèques vont donc devoir continuer à se moderniser. Dans leurs fonctions d’abord : la bibliothèque peut devenir un point d’accès au savoir, avec un grand nombre de ressources (livres, sources numériques, conférences, enseignements, etc.). Mais aussi (comme les autres lieux culturels) en s’ouvrant à de nouveaux publics : reconquérir les jeunes, mais aussi les catégories sociales éloignées de ces établissements. En 2018, 12 % des non-diplômés ont fréquenté une bibliothèque (données 2018), trois fois moins que les diplômés de l’enseignement supérieur. L’un des enjeux est de renforcer les liens entre les bibliothèques municipales et les établissements scolaires, souvent très ténus en France.

Notes:

  1. En France, contrairement à d’autres pays, l’essentiel des bibliothèques demandent des droits d’inscription