La précarité énergétique touche un ménage sur dix en France, ce qui représente plus de six millions de personnes, selon les données 2020 de l’Observatoire de la précarité énergétique (ONPE). L’organisme considère comme précaires dans le domaine de l’énergie ceux qui figurent parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie (chauffage et éclairage notamment). Le taux de précarité énergétique a nettement diminué en dix ans : il se situait à 13,7 % en 2010 contre 10,5 % en 2020. Si l’on corrige ces données des conditions météo, la baisse est moindre : le taux est passé de 12,5 % en 2010 à 11,7 % en 2020. Pour l’ONPE, cette évolution est liée principalement au renouvellement du parc de logement et à l’effet des rénovations. Globalement, les logements sont de mieux en mieux isolés. Jusqu’en 2020, les hausses de prix de l’énergie étaient donc compensées par d’autres facteurs. Attention tout de même : l’amélioration de la qualité des logements se retrouve dans les prix de vente et de location et donc dans le budget logement des ménages, éléments non pris en compte par le taux de précarité énergétique.
L’ONPE interroge les ménages sur les enjeux liés à l’énergie. Globalement, 20 % des ménages disent avoir souffert du froid durant l’hiver 2020-2021. Ces difficultés résultent surtout d’une mauvaise isolation (40 %), d’une installation de chauffage insuffisante (22 %) ou d’une panne de chauffage (16 %). 36 % indiquent des raisons financières (voir graphique ci-dessous). 21 % de la population dit avoir rencontré des difficultés dans l’année pour payer certaines factures d’énergie contre 10 % en 2013. Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus touchés : près de la moitié indiquent être concernés. 60 % des ménages disent avoir restreint leur chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées à payer, contre un tiers l’année précédente.
En moyenne, les dépenses des ménages liées à l’énergie s’élèvent à 2 700 euros par an (donnée 2020), dont 1 300 euros pour le carburant et 1 400 euros pour le logement. Cette dépense fluctue : elle se situe à son niveau plus bas niveau en 2020, ce qui résulte notamment de l’effet des périodes de confinements sur les déplacements. Chaque année, environ 600 000 ménages font l’objet d’une coupure ou d’une limitation de puissance suite à un impayé de facture de gaz (100 000) et surtout d’électricité (500 000).
Il est trop tôt pour mesurer l’impact de la crise actuelle sur la précarité énergétique. Son effet dépendra de l’importance de la hausse des prix du gaz et de l’électricité et de ce qui sera répercuté directement sur les factures ou pris en charge par la collectivité. L’impact de l’évolution des prix de l’énergie sur la qualité de l’habitat et les déplacements a toujours été un sujet de préoccupation pour les ménages les plus pauvres, même si les données 2010-2020 font état d’une amélioration. Quelles que soient les évolutions liées au contexte international, ce sujet le restera notamment du fait de l’impact de nos modes de consommation d’énergie sur l’environnement. La question majeure sera la manière dont sera partagée la facture au niveau national en fonction des niveaux de vie.