Une personne sur dix a vécu dans l’année au moins une période de dépression, selon une étude de Santé publique France menée auprès des 18-75 ans (données 2017)1, soit 4,5 millions de Français. Les femmes, les moins de 45 ans et les chômeurs sont les plus touchés.

Selon Santé publique France, la dépression est définie par le fait d’avoir vécu une période d’au moins deux semaines consécutives en se « sentant triste » ou en « ayant perdu intérêt pour la plupart des choses ». Elle se manifeste par un sentiment de fatigue, la perte de poids, des difficultés de sommeil, de concentration, des pensées morbides et une dévalorisation de soi. Selon l’organisme, les troubles dépressifs seraient responsables de 35 à 45 % des arrêts de travail et de la moitié des suicides.

Si l’on raisonne à caractéristiques identiques, les femmes déclarent deux fois plus souvent des épisodes dépressifs que les hommes (13 % contre 6,4 %). La part de personnes ayant connu une dépression se situe aux alentours de 11,5 % entre 18 et 44 ans puis diminue avec l’âge pour atteindre 5,5 % chez les 65-75 ans. Le fait d’avoir connu une séparation est un facteur majeur de la dépression : il multiplie le risque par 1,8, le fait de vivre seul par 1,2. Le niveau de diplôme joue peu mais les personnes qui appartiennent au tiers le moins favorisé sont 1,25 fois plus souvent frappées. Les chômeurs le sont près de deux fois plus souvent.

C’est moins la situation sociale des personnes qui compte qu’une forme de fragilité, d’horizons de vie qui se bouchent, ruinant des espoirs personnels. Qu’il s’agisse d’emploi, de famille, de relations amicales, c’est moins la place que l’on occupe elle-même que le sentiment de ne pas être à la place où l’on est. Prudence tout de même : l’ampleur de la mesure d’un état dépressif dépend aussi de la capacité à se déclarer dans une telle situation. Selon les auteurs de l’étude l’écart entre les femmes et les hommes peut venir de leurs rôles respectifs dans la société mais aussi « du fait que les hommes seraient moins enclins à admettre une dépression en entretien et exprimeraient leur mal-être par le biais de troubles davantage extériorisés tels que les addictions ou les troubles de conduite ».

Après avoir stagné entre 2005 et 2010 à 8 %, la part de personnes dépressives a augmenté de près de deux points entre 2010 et 2017 pour toucher un dixième de la population. Sans doute pour de multiples raisons. Il est possible que d’une manière générale on accepte plus facilement de se déclarer dépressif devant un enquêteur. On remarquera tout de même qu’entre 2010 et 2017 la progression a été nettement plus forte parmi les personnes peu diplômées, les demandeurs d’emploi et les catégories modestes. L’ampleur de la montée du chômage entre 2008 et 2015 n’explique pas tout. Pour autant, l’insécurité sociale vécue par une partie de la population peu qualifiée au travail, et les difficultés à se projeter qu’elle entraîne dans la vie, n’est pas un facteur favorable. Dans tous les cas, il faut s’interroger autant sur les déterminants individuels de la dépression que les facteurs sociaux collectifs. Et sur les remèdes qui vont avec.

Notes:

  1. « La dépression en France chez les 18-75 ans : résultats du baromètre santé 2017 », Christophe Léon et al., in Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°32-33, octobre 2018.