Avec 36,1 % de femmes seulement parmi les députés élus en 2024, le scrutin confirme la baisse de leur représentation entamée en 2022. Entre 2017 et 2024, la part de femmes a baissé de 2,7 points. La parité est donc à l’arrêt à l’Assemblée nationale qui joue un rôle central dans notre démocratie. Cette évolution est due pour partie à la progression du Rassemblement national, parti qui compte la part d’élues la plus faible.

Le contraste est important avec le mouvement de féminisation à l’œuvre depuis le début du XXIe siècle. Jusqu’à la fin des années 1990, la part des femmes parmi les députés a stagné sous la barre des 6 %, elle a ensuite grimpé jusqu’à 39 % en 2017. Chez les sénateurs, la part des femmes a atteint 36,2 % en 2023 : elle est équivalente à la part des députées. La tendance est encore plus marquée au niveau des assemblées locales. Les femmes représentent 40 % des conseillers municipaux, la moitié des conseillers régionaux et départementaux.

Sur longue période, la place des deux sexes s’est notablement rééquilibrée. Les nouvelles femmes élues constituent des exemples pour les plus jeunes et créent un effet d’entraînement. Pour cela, il aura fallu des batailles et la contrainte de plusieurs lois sur la parité en politique, la première ayant été votée en juin 2000. Les avancées ainsi obtenues constituent un argument pour les défenseurs de la discrimination positive : l’imposition de quotas a accéléré le mouvement d’égalisation.

Pour autant, les hommes n’ont cédé qu’une partie du pouvoir. Ils représentent toujours les deux tiers des députés et sénateurs. Les législatives de 2022 puis celles de 2024 constituent une rupture de tendance : depuis 25 ans, la part des femmes avait toujours augmenté à l’Assemblée nationale. S’agit-il d’une pause ou d’une rupture plus profonde, la part des femmes atteignant un plafond ?

Les hommes continuent à occuper les postes de décision. Seules deux femmes, Edith Cresson, (1991-1992) et Elisabeth Borne (2022-2024) ont occupé le poste de Première ministre depuis les débuts de la Ve République en 1958. La présence de quelques femmes à la tête de grandes villes comme Lille (Martine Aubry) et Paris (Anne Hidalgo) masque le fait que 80 % des maires sont des hommes. Les femmes ne représentent qu’à peine plus de 10 % des présidents de conseils communautaires (qui gèrent les agglomérations), ne forment que 20 % des présidents de conseils départementaux et elles ne dirigent qu’une région sur trois. Au sein des exécutifs, elles occupent plus souvent des postes moins prestigieux. Au niveau local, elles sont plus souvent en charge de domaines comme la petite enfance ou la santé, moins valorisés. Au niveau national, les ministères clés comme la défense, l’économie et le budget restent dans l’immense majorité des cas détenus par des hommes.

L’ampleur du mouvement d’égalité entre les sexes au niveau des assemblées – même si les législatives de 2022 et 2024 marquent un repli – devrait porter ses fruits aux postes de pouvoir, même s’il faudra sans aucun doute encore quelques décennies pour un véritable partage. Ce mouvement ne résulte pas uniquement des pratiques des partis politiques, mais il reflète la division des genres dans notre société, de la famille à l’école, en passant par l’emploi notamment.

La question de la représentativité des élus se pose pour le genre, mais aussi pour d’autres catégories de population, comme les personnes issues de l’immigration et les milieux populaires qui figurent en très mauvaise position. Les employés et les ouvriers, qui représentent un peu moins de la moitié des emplois, ne comptent que pour à peine plus de 5 % des députés.