Les actes racistes n’augmentent pas en France, mais se situent toujours à un niveau élevé. En 2020, les services de police ont enregistré 5 500 infractions, concernant plus de 5 000 victimes1. Il ne s’agit que d’une petite partie des faits, ceux qui sont déclarés par les victimes et enregistrés par les forces de l’ordre. Quand on interroge les Français, environ 700 000 se déclarent victimes d’injures à caractère raciste, antisémite ou xénophobe, chaque année, 110 000 se plaignent de menaces, 35 000 de violences et 480 000 de discriminations, selon le ministère de l’Intérieur 2. Cela représente une très petite part de la population, entre 0,1 % pour les violences et 1,3 % pour les injures. Pour autant, si l’on en croit ces déclarations, chaque jour on compte tout de même une centaine de cas de violences racistes.

Le racisme ne frappe pas au hasard. Pour le comprendre, nous avons retenu les données qui portent sur les personnes qui déclarent avoir été « discriminées » de manière raciste. Si les femmes et les hommes s’estiment tout autant victimes, les jeunes (1,7 %) sont deux fois plus concernés que les quadragénaires (0,9 %). Les immigrés (2,5 %) et encore plus leurs descendants (3 %) se disent incomparablement plus touchés que les Français nés en France (0,5 %). Les plus modestes3 (1,6 %), les chômeurs (2,8 %) et les habitants des quartiers prioritaires (2,5 %) indiquent aussi beaucoup plus souvent être victimes de discriminations.

Les actes racistes les plus graves, heureusement, demeurent rares en France si on les rapporte à la population totale. Il n’est pas facile de faire la part des choses entre les faits enregistrés par la police qui sous-estiment les faits réels et les déclarations de victimes dans les enquêtes auprès de la population, qui comptent une part de subjectivité. Il reste que les moyennes très globales masquent l’ampleur du phénomène pour les personnes les plus souvent visées4. Pour les jeunes immigrés ou descendants d’immigrés de milieux modestes, les actes racistes sont beaucoup plus fréquents. Leur violence est d’autant plus grande qu’ils touchent l’identité même des personnes qui en sont victimes.

Notes:

  1. Voir « Les atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux en 2020 », Interstats Analyse n°34, ministère de l’Intérieur, mars 2021.
  2. Données en moyenne annuelle, calculées sur la période 2013-2018.
  3. Les ménages sont répartis en quatre groupes de 25 % de la population, en fonction de leur niveau de vie.
  4. Et encore, le ministère ne diffuse pas de données sur les victimes en fonction de la couleur de peau. Ce type d’enquête serait pourtant autorisé dans le cadre d’un travail scientifique spécifique.